Parmi les metteurs en scènes français du moment, un certain Erick Zonca se détache. Lui, que les salles françaises n'avait pas vu depuis huit ans déjà, revient avec un nouveau film en anglais, entièrement porté par le charme d'une actrice anglaise récemment Oscarisée, j'ai nommé Tilda Swinton.
Elle incarne ici Julia Harris, alcoolique américaine dont la vie n'est pas aussi rose que ses vêtements affriolants du soir, et qui va découvrir une évolution constante dans sa vie lorsqu'elle rencontre sa voisine d'immeuble, dépressive et illuminée, qui va lui confier la délicate mission de kidnapper son enfant. Le film semble comme séparée en plusieurs parties, marquant les étapes de l'héroine : durant ces deux heures vingt, elle passe de femme perdue à femme courageuse, mais dont son instinct égoïste et certains de ses doutes persistent, la rendant donc malgré sa situation, encore plus humaine. Oui, l'Humain n'est pas parfait, et le personnage de Julia en est l'exemple parfait.
Zonca utilise un rythme propre à l'héroïne, et c'est la raison pour laquelle le film ne cesse de valser entre différents genres cinématographiques : le drame, le thriller - quelques scènes vraiment prenantes et violentes se démarquent - et surtout, le road movie. En cavale, les protagonistes parcourt les plaines sauvages de la frontière Americaine avec le Mexique, et dont le réalisateur en profite pour dresser un portrait de la politique américaine avec les étrangers ou encore démontrer la violence et la corruption au Mexique, tout cela en privilégiant la présence du personnage principal.
En clair, une parabole intelligente, brutale et réellement passionnante sur les instincts féminins, que la géniale Swinton transmet parfaitement dans son jeu, devenant alors de son personnage l'une des femmes de cinéma les plus intriguantes de ces dernières années. C'est franchement avec ce film qu'elle méritait son Oscar.