L'histoire d'un ado qui aime plus le skate et l'impression de glisser sur l'existence que de se laisser accrocher par quelque chose, même une blonde à la Lavigne.
Gus Van Sant, le réalisateur de toutes les surprises, après le très décevant (pour ma part) « Last Days », j'étais un peu anxieux de continuer le voyage. Mais la « trop » bonne critique environnante m'a fait presser le pas.
En fait, il faut dissocier deux choses.
Le film peut se résumer, et c'est déjà magnifique, au désir de beauté et de jeunesse de la caméra pour cette bonne bouille d'ado craquant parce que trop imparfaite pour approcher les standards de beauté fashion. Il est réellement craquant, et Van Sant en ne se faisant pas passer pour un Ozon lâche, signe une superbe ode à l'amour homosexuel, ou du moins à la fascination assumée pour la jeunesse. Là où c'est vraiment intense, c'est que ce n'est jamais malsain, c'est presque paternellement protecteur. Bref c'est parfait.
Ensuite, il y a l'histoire et la manière Van Santienne « classique » de la montrer. Comme un accident est si vite arrivé, et que la responsabilité d'un adolescent n'est pas un sujet très porteur intellectuellement, l'aspect dramatique n'arrive pas à prendre le dessus sur l'éveil d'un jeune garçon à un monde qui n'a pas beaucoup d'intérêt. Surtout dans ce flou qui entoure cette période d'apprentissage de la vie, des femmes, de l'argent, des voitures où tout est histoire de découvertes, d'expériences et d'observations. Et non de choix.
On peut également se demander pourquoi le Gus se sent obligé d'utiliser un fait divers pour observer ce trouble adolescent, comme il l'a déjà fait pour « Elephant ». Peut-être la peur de faire un film niais, ou de trop montrer sa fascination nostalgique pour le temps de nos 20 ans ?
Enfin, il y a le film, avec ses incessants flash-backs, ses cadrages d'auteur fixe, mais aussi les travellings dans les couloirs d'école, heureusement ce ne sont pas du tout des redites de Colombine, tout est plus flou, plus éthéré, le crime est passé, on vit avec le souvenir, pas dans la dissection d'une tragédie annoncée.
Mais curieusement, le système fonctionne très bien dans ce cas, on sait ce qui s'est passé, on ne sait pas encore comment, et de toute façon, fasciné par ce visage poupon autant que grave et déjà triste, on se laisse baloter par les méandres du destin « à la manière » de Van Sant.
Est-il besoin de parler de la musique, de l'exigence de l'image ?
La seule chose qui reste désagréable, c'est que contrairement à « Elephant » où les acteurs savaient jouer en semi pro, ici ce sont vraiment des amateurs, et celui qui regarde à chaque fois la caméra est particulièrement énervant. Pour le reste, un film agréablement étrange, que seuls ceux qui ont confiance dans leur public peuvent faire.