Avis sur Imperior, dieu de la guerre

Imperior, le dieu de la guerre fait un peu peur au début. Lorsqu’on lit comme accroche « Conan, avait un Dieu », sous tendant qu’Imperior c’est le niveau au-dessus, on se dit que ça sent bon le nanar. Finalement, on tient un bon film d’aventure historique, perfectible mais qui a le mérite de l’authenticité.
En effet, c’est un film islandais. Du coup, il y a déjà des choses appréciables comme les décors. Le réalisateur situe son film au bord de la mer, au pied de falaises, et Imperior dégage une ambiance froide, ventée, entre le vert de la végétation et le gris de la mer qui s’avère convaincante, surtout compte tenu de la tonalité sérieuse du film. Si le métrage a manqué de budget visiblement pour soigner totalement sa reconstitution et avoir une figuration mémorable, reste que cela a renforcé aussi le caractère « réaliste » du film. Etrangement, le côté un peu « brinquebalant » de certaines scènes, de certains décors ou accessoires donne un Moyen-Age plus vrai, loin des ors et du perfectionnisme formel que l’on peut voir dans les grandes fresques du genre. Franchement, visuellement le film a des qualités, malgré une mise en scène faiblarde. Le réalisateur se répète de trop dans les scènes d’action, et il manque d’envergure dans son travail avec un montage parfois aléatoire. La bande son est aussi agréable, avec un côté volontiers planant. Ça peine à atteindre une vraie dimension épique, mais ça reste agréable.
Le scénario a la simplicité d’un western spaghetti. Un homme cherche à se venger de la mort de ses parents tuer par des vikings qu’il retrouve et qu’il veut tuer. La première partie reste répétitive, et au bout d’une demi-heure la lassitude commence quand même à pointer. Ça se rattrape un peu par la suite et finalement Imperior prend un rythme de croisière efficace dans la deuxième partie, jusqu’à la conclusion qui ne surprendra pas. Film de vengeance classique dans un univers de vikings, Imperior ne brille pas par son imagination, mais force est de constater que l’approche réaliste, les tonalités westerns qui se révèlent parfois, parviennent à passer sur les quelques lacunes apparentes. Je ne me suis pas ennuyé, mais des enjeux plus marqués, un héros plus subtil ou insaisissable n’aurait pas été de refus.
Car ce qui fait peut-être le manque d’épaisseur relative de l’histoire c’est sans doute que le héros reste assez hermétique. Jakob Einarsson tente une interprétation monolithique, peu expressive, typique d’un western spaghetti en fait, mais n’a pas assez de charisme pour retenir l’attention outre mesure, et je crois que plus de vigueur, de personnalité, d’expressivité aurait permis au métrage de prendre une dimension tragique ou dramatique qui aurait donné du volume au propos. Surtout que la dernière partie s’y prêté bien. Malgré tout, il y a de solides seconds rôles, notamment un Helgi Skulason qui surprend, n’ayant a priori pas le physique de l’emploi mais s’avérant très bon dans son rôle, paraissant presque illuminé par moment !
En conclusion, Imperior est sûrement le film le plus réaliste dans son approche des vikings que j’ai pu voir. Si l’on passe sur une histoire classique, un acteur principal un peu tiède et une mise en scène inégale, il est possible de se faire tout à fait plaisir devant ce film qui propose une ambiance prenante. 3.5