Le cinéma de genre français a la particularité de diviser énormément lorsqu'un nouveau long-métrage sort en salles. Ou le résultat est apprécié (Haute Tension), ou il est détesté (Humains). En revanche, s'il y a bien un point sur lequel on sera tous d'accord, c'est que la France ne fait pas dans la dentelle, comme en atteste A L'intérieur, premier film du tandem Julien Maury, Alexandre Bustillo qui a fait parler de lui à sa sortie pour les passages bourrés d'hémoglobine qu'il met en scène. Personnes sensibles et femmes enceintes, passez votre chemin car le binôme y va fort et sans complexe : ciseaux, aiguille à tricoter, flingue, flash ball... tout ce qui va tomber sous la main de Sara, une jeune femme enceinte et en plein deuil (Alysson Paradis, héroïne pas spécialement attachante mais crédible jusqu'au bout) et lui servira à se défendre bec et ongles contre une femme (Béatrice Dalle, littéralement effrayante) prête à tout pour parvenir à ses fins, en l'occurrence, arracher le bébé de Sara... dans tous les sens du terme ! Seulement, les deux réalisateurs ne se sont pas bornés à tourner bêtement une succession de scènes toutes plus gores les unes que les autres. Non, la psychologie occupe une place importante au sein de cette traque sanglante. Que ce soit la tueuse ou la victime, chacune a bénéficié d'un traitement soigné si bien que les deux personnages se démarquent par leur ambiguïté. Ce soin se retrouve également dans le scénario, pas vraiment dense, mais qui a le mérite de se révéler limpide et sans grosses incohérences malgré quelque facilités pour faire avancer le récit. A ces qualités s'ajoute celle de la réalisation, très appliquée et parfois si efficace qu'on croirait regarder un film américain, les moyens en moins. La preuve formelle qu'on a pas besoin de 100 millions de dollars pour réaliser un film réussi et qui offre au spectateur ce qu'il est venu chercher : des frissons. Et ici, on a même droit à plus : du sensoriel ! Un élément créé par la mise en scène, la photo mais aussi et surtout, par la musique : émouvante au départ pour ensuite devenir envoûtante en milieu de métrage, elle se démarque également lors des scènes d'actions où elle revendique une influence très carpenterienne qui participe grandement au suspense. Ce ne serait pas la première référence faite au réalisateur puisque le personnage de Béatrice Dalle en vient carrément à nous rappeler le tueur fantomatique Michael Myers lors de ses apparitions ! Au final, sur sa petite heure vingt, le binôme arrive à faire susciter de nombreuses émotions chez le spectateur avec A L'intérieur, un thriller horrifique organique et viscéral dont l'originalité et la qualité font vraiment plaisir à voir comme à entendre. [Extrait de Screamcity-Horror.skyrock.com blog de critiques ciné]