Plus de six mois après la fin de la propagation d'un virus mortel, Londres commence à revivre. Don (Robert Carlyle), unique survivant d'une effroyable attaque qui a coûté la vie à sa femme et à ses amis, retrouve ses deux enfants, Tammy et Andy, dans une ville en reconstruction, gérée par des instances militaires internationales. Quatre ans après l'apocalyptique 28 Jours Plus Tard, le virus a été maîtrisé et 28 Semaines Plus Tard nous dévoile l'après-catastrophe et une tentative de retour à la normale. Danny Boyle cède sa place derrière la caméra au réalisateur ibérique Juan Carlos Fresnadillo (« Intacto »), qui privilégie la densité psychologique de ses personnages, tout en restant dans la philosophie narrative du premier segment, à savoir sombre et pessimiste.
La scène initiale, d'une intensité dramatique remarquable, est un pont reliant à merveille les deux métrages, dont le principal lien réside dans la présence au générique de l'acteur fétiche de Boyle, Robert Carlyle, qui campe un héros atypique, à mille lieux des standards en la matière. Barricadés dans une petite maison perdue dans la campagne anglaise, Don, sa femme et des amis sont victimes d'une invasion soudaine de contaminés au cours de laquelle Don abandonnera sa femme au profit de sa propre sauvegarde, démonstration cynique d'un retour à l'instinct primaire de l'être humain redevenu la proie, et non le traqueur. Cette scène, brutale, filmée au taquet et dotée d'effets spéciaux réussis, est un point de départ époustouflant, transformant l'unique survivant de ce drame le héros méprisable de cette suite, sarcasme anti-hollywoodien bien senti.
C'est dans ce climat oppressant que Fresnadillo nous présente les autres protagonistes de ce métrage, changeant rapidement d'atmosphère, à notre plus grand désarroi. Car les lenteurs sont plus nombreuses à mesure que le cinéaste dépeint les états d'âme, les espoirs et les craintes des héros, jusqu'au moment où la vengeance prendra forme dans les yeux vairons de l'épouse de Don, atteinte du virus mais immunisée. Après une scène gore de toute beauté, à l'issue de laquelle le virus reprend le dessus, Don, infecté à son tour, devient le leader du renouveau zombies que à travers une chasse grandeur nature entre contaminés et survivants (civils et militaires) dans les rues d'un Londres à nouveau à feu et à sang. Possibles porteurs d'un antivirus, les enfants deviennent l'enjeu de cette lutte. Dès lors, le film s'oriente différemment, Fresnadillo optant pour un film d'action peu original, flinguant à tout va dans la lignée d'un « Resident Evil », lorgnant vers l'hommage appuyé aux oeuvres de Romero (les militaires du Jour des Morts-Vivants, l'hélicoptère comme moyen de survie cher au cinéaste de Zombie), oubliant complètement la moindre notion réaliste pour l'épisode de décapitation de morts-vivants par le biais d'un...hélicoptère. Le militaire baroudeur au grand coeur n'est pas non plus très proche du prologue et c'est là que le bât blesse principalement.
En effet, au fur et à mesure, le film louche vers un style assez brouillon et impersonnel, assez éloigné de l'état d'esprit du film de Boyle, davantage travaillé et troublant. le style de Fresnadillo s'effrite en fait au fur et à mesure du film, l'épilogue offrant surtout une suite possible (à Paris probablement) d'une série qui pouvait s'arrêter au film initial. En somme, « 28 Semaines Plus Tard », bon film de zombies composé de quelques scènes efficaces (surtout le prologue et celle des retrouvailles entre Don et sa femme), n'arrive pas, sur la distance, à rivaliser avec son illustre modèle. Néanmoins, il offre une vision intéressante d'un contexte émotionnel dans lequel baigne les survivants assez rarement mis en avant avec une telle précision.