Les films Harry Potter ont ouvert une large porte au cinéma hollywoodien. Celle des adaptations des romans pour enfants/adolescents. Depuis, il n’est donc pas rare de voir pousser comme du chiendent d’innombrables long-métrages qui tentent d’atteindre le même succès et de permettre à une saga littéraire d’être intégralement adaptée sur grand écran. Si pour certains le sort a été plus que favorable (Twilight, Hunger Games), d’autres se sont littéralement cassés les dents, au point de ne se contenter que d’un seul opus (Eragon, À la Croisée des Mondes, Numéro Quatre, Sublimes Créatures, Les Âmes Vagabondes) ou d’avoir une suite, prévue mais qui tarde à pointer le bout de son nez (Jumper). Cœur d’encre fait malheureusement partie de ces échecs, et ce pour plusieurs raisons.
La première étant que ce film est l’adaptation d’une série littéraire qui, niveau succès, ne peut rivaliser avec Harry Potter et consorts. De ce fait, le nombre de fans (donc, de spectateurs garantis) n’en est que plus réduit. Et comme si cela ne suffisait pas, un livre mal connu à l’international ne pouvait compter sur une promotion d’envergure. Car trop coûteuse au risque d’augmenter l’addition pour l’équipe du film, si l’échec est au rendez-vous. Pour que Cœur d’encre attire le public, il fallait tout miser sur la qualité de l’entreprise. Ce qui n’a pas été fait…
En regardant l’étiquette de Cœur d’encre, seule sa distribution a été soignée (du moins du point de vue prestige). Et pour cause, le casting affiche Brendan Fraser (La Momie), Paul Bettany (Master & Commander, Da Vinci Code), Helen Mirren (Benjamin Gates et le Livre des Secrets, RED), Jim Broadbent (Moulin Rouge !, Le Monde de Narnia, Hot Fuzz !), Andy Serkis (plus connu en tant que Gollum dans les sagas du Seigneur des Anneaux et du Hobbit) et même Jennifer Connelly (Requiem for a Dream, Un homme d’exception, Blood Diamond) le temps d’une apparition. Sans compter qu’en voyant le film, il est heureux de voir que la majorité d’entre eux semble s’amuser à jouer, même si certains en font parfois un peu trop (Andy Serkis).
En même temps, avec une histoire pareille, les comédiens ne peuvent que se faire plaisir ! Soit les mésaventures d’un père et de sa fille, le premier ayant la faculté de donner vie aux personnages des histoires qu’il lit. Un concept qui offre l’occasion aux interprètes de jouer des protagonistes pour le moins atypiques à partir d’une trame qui use de l’imagination du lecteur et de l’auteur lors d’une lecture comme concept. Mais dans cette critique, nous ne pouvons ne pouvons nous attaquer à l’histoire elle-même, étant donné que cela provient d’un livre et non de l’inventivité des scénaristes.
Non, le gros problème de Cœur d’encre, c’est son incroyable manque d’envergure. Et cela se voit sur chaque image du long-métrage ! D’accord, il y a ce casting. Mais il n’est jamais mis en valeur comme il faudrait. La faute à un scénario qui alourdit le pouvoir comique de certains au point qu’ils en deviennent insupportables ou inutiles (dont le personnage d’Helen Mirren). Qui veut tirer sur la corde émotive mais sans jamais arriver à titiller notre intention une seule seconde, le tout paraissant rose bonbon, trop enfantin. Il n’y a aucune trace de noirceur dans ce film, c’est pour dire (il n’y a qu’à voir le méchant, sorte de bouffon ténébreux)!
Et pour 60 millions de dollars de budget, difficile de faire quelque chose qui en jette! Jurassic Park y été arrivé avec 65 millions. Mais c’était à la bonne époque ! Maintenant, un blockbuster doit atteindre au moins 100 millions. Du coup, avec une somme inférieure, tout semble impossible à faire pour que cela soit beau à l’écran. Et Cœur d’encre en fait les frais, en proposant des effets spéciaux assez moches et des décors qui manquent de crédibilité. Sans compter que les plans filmés ne font rien pour cacher tous ces défauts. Si vous voulez un ordre d’idée, Cœur d’encre s’apparenterait bien plus à un vulgaire téléfilm qu’à un long-métrage ayant le privilège d’être visionné en salle. Même du point de vue visuel, Dinotopia est un véritable bijou !
Vraiment dommage d’en arriver là, car Cœur d’encre avait franchement du potentiel à revendre pour devenir un bon divertissement. Seulement, les producteurs ont permis la réalisation de ce film sans vraiment trop y croire. Et du coup, c’est nous, spectateurs, qui n’arrivons pas à nous intéresser à ce long-métrage. Une faible note donc pour ce Cœur d’encre, qui aurait mérité nettement moins si le budget avait été plus conséquent (dans la moyenne des blockbusters actuels).