Je le dis d’emblée, je ne suis pas très James Bond.
Je n’ai vu que 4 James Bond au cinéma et suis ressorti à chaque fois peu emballé.
A la téloche, l’espion 007 n’est donc pas ma priorité. Je peux même m’en passer.
Puisque j’ai la possibilité de tous les voir, je vais me contraindre à parfaire ma culture 007.
D’où une naïveté parfois volontaire et sincère.
« L’Espion qui m’aimait »
10ème opus que je n’avais encore jamais vu (8 sur 10) réalisé par Lewis Gilbert, celui-là même qui avait réalisé « On ne vit que deux fois ».
On peut rapprocher les deux films : « On ne vit que deux fois » c’est un vaisseau mystérieux qui kidnappe une capsule US puis une capsule soviétique dans l’Espace même. Là, « L’espion qui m’aimait »
c’est un cargo mystérieux qui kidnappe un sous-marin US et soviétique puis un sous-marin de Sa Majesté la Reine d’Angleterre.
L’invraisemblable et la mégalomanie sont de retour.
Roger Moore porte toujours aussi bien le costume et l’uniforme.
L’agent 007 impliqué dans le générique. Eh oui, il évolue au milieu de silhouettes féminines ombrées aux seins nus qui me ravissent toujours autant.
Comparé à « L’homme au pistolet d’or », ce n’est pas une consolation ; « L’espion qui m’aimait » présente un scénario un peu plus captivant et cerise sur le gâteau, on y voit clairement un sein dans le récit !
Quand je dis que la franchise évolue pas à pas.
« Oh, James, les mots me manquent » dit une Girl pâmée dans le lit de 007.
« Je me ferai un plaisir d’enrichir votre vocabulaire. » lui répond ce dernier.
Savoureux.
Puis, en un tourne main, le voilà habillé en tenue de ski poursuivi par des tueurs soviétiques.
La descente ne s’éternise pas, elle se conclut par un saut dans le vide en parachute.
Assez spectaculaire parce que… inattendu.
Le meilleur James Bond version Roger Moore jusqu’à présent.
Il était temps.
La mise en scène réserve de bonnes surprises.
Ainsi, le spectateur que je suis s’est bien fait avoir sur l’identité de Triple X.
Concernant la Lotus, Lewis Gilbert nous la présente par le regard d’Anya Amasova, la jolie Barbara Bach. De son point de vue, nous voyons Q expliquer à James Bond le fonctionnement de la Lotus. Seulement, comme Anya Amasova est en retrait, le spectateur n’entend rien.
La bonne idée est d’amener le spectateur à découvrir les ressources de la Lotus dans l’action.
On peut remarquer que ce James Bond/Roger Moore, en trois apparitions, ne roule pas en Aston Martin.
Le méchant de service se nomme Karl Stromberg joué par Curt Jürgens. On ne parle pas de Blofeld. Mais la mégalomanie de Stromberg est tout aussi extravagante que Number One SPECTRE !
A bien autopsier les ambitions démesurées de Stromberg, on peut y déceler une toute petite dimension écologique, oui, oui.
A noter que Stromberg a un homme de main,
plutôt un homme à la mâchoire d’acier sous les traits du géant Richard Kiel appelé Jaws.
Impressionnant mais assez lourd dans ses déplacements et mouvements.
A lui seul, il me persuade que les James Bond sont à prendre comme une BD.
Il achève ses proies en les mordant au cou comme le fait un vampire.
Pourtant, sa force est telle qu’il peut broyer facilement tout ce qu’il enserre ou saisit.
Pourquoi s’embarrasser de mordre au cou ?!
Quand il enserre James Bond, il peut lui briser les reins.
Ben non !
Par exemple, en Egypte, il arrache le toit de la camionnette dans laquelle tentent de fuir 007 et Triple X. Au lieu de tendre la main pour décoller un des deux agents de leur siège, il s’en va arracher une aile !
C’est pourquoi, il ne faut pas se poser de questions.
Quand on commence comme moi à découvrir James Bond après 10 opus, je comprends qu’il faille se laisser aller et peu importe la logique !
Du reste, il n’y a pas de logique dans l’univers bondien.
Qu’on se le dise !
Acceptant cette philosophie, James Bond se laisse regarder avec plaisir avec ses hauts et ses bas, ses défauts et ses qualités.
J’ai apprécié le couple James Bond - Anya Amasova. Une association bienvenue et plaisante dans le cadre de la Guerre Froide.
Ce qui m’amène à LA James Bond Girl : Anya Amasova. La seule du film.
Il n’y en a pas deux ou trois comme dans les précédents volets, Anya Amasova est l’unique Girl.
Le couple fonctionne bien.
Depuis l’ère Roger Moore (et même depuis Sean Connery !), voilà une James Bond Girl qui a du répondant et qui se permet de jouer égal à égal avec son homologue britannique.
C’est elle qui montre un sein quand elle se douche dans la cabine de l’amiral de l’USS Wayne. Eh oui !
Ça reste chaste.
Petite remarque : il arrive que notre agent 007 se montre sexiste quand une messagère de Stromberg vient se présenter : « Quelle ligne, quel châssis ! ».
Parle-t-il du bateau ou de la femme en tenue légère taille mannequin ?!
Le spectateur n’est pas dupe.
Un brin raciste :
« Ah, ces constructions égyptiennes !» dit-il après s’être débarrassé de Jaws englouti sous des gravats.
En ce qui me concerne, je ne suis ni choqué, ni indigné. Il suffit de prendre du recul, de contextualiser.
Ce n’est pas méchant et c’est plaisant !
Il serait maladroit de toujours juger l’esprit d’un récit d’hier à la lumière de nos jours où tout est précaution de langage totalitaire !
A voir en V.O pour… Jaws !!!