Alors que le premier Gamera se trouvait d'un niveau subjectif et peu qualitatif, deux suites virent le jour. Sans réelle envie, je me suis lancé dans le visionnage de L'attaque de Légion, voyant qu'il avait meilleure réputation. Et s'il est une certitude, c'est que la qualité est supérieure dès son début : plus généreux, mieux fait, plus abouti, il montre ce qu'aurait dû être le premier volet de cette trilogie qui part enfin sur de bonnes bases pour, espérons le, finir sur de beaux étages.
Dès les premiers combats entre monstres et humains, on sent une certaine inspiration tirée du Starship Troopers de Verhoeven : véritable arachnides version japon, les parasites surnommés Légion font forcément penser au chef-d'oeuvre du néerlandais, notamment dans la violence de la première attaque sur les militaires, où les corps sont déchiquetés, transpercés, et le sang répandu par ci par là.
La violence ayant fait un pas en avant, le spectaculaire s'est également mieux développé; face à ces créatures propices au registre de l'horreur (d'ailleurs bien représenté dans quelques scènes à la tension efficace), Gamera se sera vue améliorée au niveau de son design et de sa manière de faire exploser le décors. Tout aussi bourrin (si ce n'est plus) que le film d'origine, L'Attaque de légion surprend par la générosité destructrice de ses combats explosifs : bâtiments, voitures, ponts, villes entières, halos de lumière ou d'énergie brute, un véritable travail de colosse a été fait autour des scènes d'affrontement.
Mais comme souvent dans le cinéma japonais, le reste ne suit pas. On tombera notamment sur l'habituel surjeu des acteurs, qui tombent tous dans la caricature ou la surabondance de volonté de trop bien faire. A la limite du grotesque, ils manquent de finesse, de retenue, et assènent involontairement un aspect nanardesque au tout.
La mise en scène manque également de justesse : si le spectaculaire de ses affrontements titanesques est très bien retranscris, la platitude du reste de la réalisation coupera complètement le rythme et l'engouement autour de ce surprenant Kaiju. Dialogues soporifiques, écriture peu mise en valeur par ses acteurs et le déroulé du scénario, on trouvera son plaisir en se concentrant sur les contours de sa forme plutôt que sur le travail en détail (qui en manque, justement).
Sans être un grand film du genre, Gamera 2 : L'Attaque de Légion fait passer un bon moment au spectateur qui, s'il ne cherche pas à trop se prendre à la tête ou à regarder trop en avant sur la profondeur de l'oeuvre, y trouvera chaussure à son pied. C'est bourrin, ça détend, et même si les effets spéciaux manquent parfois de réalisme ou de crédibilité (notamment les miniatures concernant l'aménagement de la ville), n'est-ce pas pour cela, aussi, que l'on aime le cinéma de Kaiju Eiga?