Qu'est-ce-que j'aime Rohmer, son cinéma est réellement jubilatoire et même ce film à sketchs sur des rencontres à Paris, qui n'est pas forcément parmi ses films les plus connus ou les plus appréciés, je me suis régalé en le regardant.
On a donc trois histoires d'amour différentes où Rohmer va nous faire suivre des personnages amoureux dans les rues de Paris. Mais à chaque fois il se renouvelle, ce n'est pas trois fois la même histoire, malgré les thématiques qui forcément se rapprochent. On y parler beaucoup d'amour, d'être trompé ou de tromper son conjoint et même de peinture. Que demande le peuple ?
C'est réellement délicieux à voir, on sent qu'il s'est fait plaisir dans l'écriture des dialogues et des situations. C'est tellement plaisant à entendre et à voir... Les personnages sont dans des situations amoureuses assez compliquées, forcément on a de grosses coïncidences qui permettent quelques beaux moments de malaise et j'aime cette sensation, trop rare au cinéma, d'avoir sous les yeux une histoire que n'importe qui (à partir du moment où c'est un bourgeois parisien) pourrait vivre, mais en un peu mieux.
Disons que oui, on est chez Rohmer, personne ne parle comme l'on parle dans ses films, mais qu'est-ce-que c'est beau et surtout on a forcément déjà vécu des situations similaires (ou alors on s'imagine très bien dans ce genre de situations), forcément ça va nous parler. On baigne dans une sorte d’allégresse.
Les histoires ont beau se finir pas forcément très bien à chaque fois, c'est le genre de film dans lequel on aimerait vivre parce que c'est juste beau. Aller draguer une fille dans un musée, se ridiculiser en voulant l’impressionner en parlant de Picasso, il y a un côté tellement plaisant et apaisant à voir ça...
Et puis les personnages sont des têtes à claques finies, entre le peinture qui suit lourdement une fille, la fille qui n'aime plus son mec mais qui refuse de le quitter pour se mettre avec l'homme qu'elle dit aimer... Tout ça a un côté peut-être un peu artificiel qui pourrait en rebuter quelques uns, mais très franchement ça donne lieu à des situations qui sont juste excellentes, parce que encore une fois les émotions sont là. Lorsqu'on voit cette fille qui joue avec son amant dans le deuxième segment, oui elle est irritante, mais on éprouve de l'empathie pour ce pauvre mec qui ne rêve que de la mettre dans son lit et elle qui trouve tous les prétextes pour se dérober tout en lui disant qu'elle aime (en précisant, avec une nonchalante méchanceté, qu'elle l'aime moins qu'elle n'aima son compagnon actuel à leurs débuts).
Bref je me suis régalé, des personnages, des situations, des dialogues, ce film est un petit bonbon. J'ai du mal à savoir quel segment j'ai préféré, le premier est peut-être le plus simple et le plus abouti, tandis que le deuxième a les meilleurs dialogues (et la fin la plus horrible qui soit), le dernier quant à lui a les beaux yeux de Bénédicte Loyen...
J'en viens à regretter qu'il n'ait pas fait plus de films à sketchs...