"The girl in the park" est intéressant à bien des égards. D’abord par son sujet, malheureusement d’actualité. Nous vivons d’abord le drame, survenu lors d’une maigre poignée de secondes d’inattention. L’implantation du contexte stipule que ce genre de tragédie peut arriver à n’importe qui, quelle que soit la condition sociale, et à tout moment. Parmi la jolie distribution des rôles, nous y voyons une Sigourney Weaver énormément concernée par le sort de cette mère de famille. De mon propre avis, je considère même que c’est son meilleur rôle de toute sa carrière. "The girl in the park" n’est certes pas un grand film, mais la performance de Sigourney sauve ce film résolument tourné vers le mélodrame : elle réussit à interpréter tous les états d’âme par lesquels une mère de famille est supposée vivre avant et après une telle tragédie. D’abord rayonnante de bonheur, elle réapparait avec un visage fermé aux traits tirés, tentant de survivre comme elle peut. Jusqu’au jour où l’espoir s’immisce dans son cœur et bouscule sa tête, la plongeant dans un périlleux équilibre entre la folie et la raison, nous donnant l’impression que tout peut basculer d’un côté ou de l’autre à tout moment. Le sujet est fort, traitant de la détresse d’une mère, de l’intuition d’une mère, de la capacité d’une mère à perdre les pédales, mais aussi du déchirement familial, de l’éloignement et de la tentative de rapprochement. Des conséquences souvent inévitables dans ce genre de cas, tout du moins souvent constatées. Dès lors que Julia rencontre Louise, on sait déjà comment ça va se terminer. Enfin on pense savoir, pardon d’en dire un peu trop. Mais les pleurs de la petite Maggie (Daisy Tahan, vraiment craquante) et de Louise sont très proches. Et s’il y a des choses qui ne changent pas chez quelqu’un, ce sont les rires… et les pleurs. S’ensuit une narration peu probable sur la reconstruction, l’apprivoisement. Un récit peu crédible mais empreint de bons sentiments qui va se clôturer sur un final que beaucoup trouvent décevante. Nous savons tous que tout repose sur une tâche de naissance, mais… oui il y a un mais : les tâches de naissance s’estompent souvent au fil des années, et même disparaissent dans de rares cas. Il est vrai que nous aurions aimé savoir le fin mot de l’histoire, mais au moins nous sommes placés au même niveau que Julia. Ça change un peu, et tant pis si ça laisse une sensation désagréable. Mais au moins, le final est à l’image du scénario : sombre et déroutant. En revanche, la réalisation est sobre et toujours à hauteur de l’humain, sans artifice ni effet de style, ce qui a permis de doter les prises de vues d’une incroyable humanité, tout en restant respectueusement en retrait de l’histoire qui nous est proposée. L’avantage de ce procédé est de permettre à la photographie de s’embellir.