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Maqroll
157 abonnés
1 123 critiques
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3,0
Publiée le 18 avril 2012
What Price Hollywood est le premier des trois films que Cukor, au sortir d’Une heure près de toi, avec Maurice Chevalier et Jeannette McDonald, réalisa avec Constance Bennett comme principale actrice. On sait que ce film est une première mouture de A Star Is Born, tourné par William Wellman en 1937 et repris par Cukor lui-même en 1946 dans la plus célèbre des versions avec Judy Garland et James Mason. Ici, on a droit à un charmant brouillon où l’auteur ne se prend pas trop au sérieux, en partie par manque de moyens il faut bien le dire. Quant à Constance Bennett, c'est une actrice au registre limité et elle fait ce qu’elle peut pour tenir son rôle honorablement. À ses côtés, Neil Hamilton est bien pâle dans le rôle du mari, qui dédouble celui du réalisateur alcoolique à la fin tragique. Dans ce dernier rôle, Lowell Sherman apparaît de loin comme le meilleur comédien du film, donnant un personnage tour à tour comique et tragique qui étouffe son amour pour sa vedette et noie sa frustration dans la boisson. Au total, un film honnête d’un Cukor loin d’avoir sa maîtrise future mais sachant déjà brosser des portraits psychologiques intéressants.
What Price Hollywood ? est une oeuvre méconnue et injustement oubliée dans la filmographie de George Cukor. Sortie sur les écrans en 1932, cette divine comédie-dramatique prenant pour cible les studios américains et la recherche de la célébrité n'épargne personne et égratigne le système hollywoodien et du vedettariat avec une sublime ironie. Le style Cukor prend son envol, le rythme est endiablé, les répliques fusent à cent à l'heure et se chevauchent, les comédiens Constance Bennett, Lowell Sherman et Neil Hamilton sont de vraies tornades capables de faire passer du rire aux larmes en dix secondes. Considéré comme l'un des meilleurs films sur les coulisses de l'Age d'or d'Hollywood où les stars se font et disparaissent en un claquement de doigts, What Price Hollywood ? fait passer le spectateur derrière le rideau en dévoilant ce qui se cache derrière le strass et les paillettes du cinéma américain. L'alcool est dévastateur, l'industrie (ennuyeuse) broie ses employés, les coups bas demeurent chroniques. Rétrospectivement, What Price Hollywood ? apparaît presque comme un prologue à Une étoile est née William A. Wellman réalisera en 1937 et dont George Cukor mettra en scène un remake en 1954.
Les films sur Hollywood ne sont pas si courants, surtout en 1932 où l’industrie du cinéma était encore naissante. Il faudra attendre 1949 et le « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, chef d’œuvre incomparable, pour avoir la première charge réelle sur le temple du cinéma. Vingt ans après la disparition du muet, Wilder s’intéressa à ces stars qui avaient bâti Hollywood et qui avaient été abandonnées à leur déchéance quand le parlant les rélégua quasiment toutes aux oubliettes. En 1932 Cukor n’a pas encore le recul nécessaire pour se lancer dans l’autocritique à laquelle se livrera Wilder mais il a déjà un œil acéré sur le statut précaire des stars qu’il décrit à travers le personnage de Max Carey, réalisateur alcoolique en perte de confiance que la jeune actrice poussée bien involontairement par ses soins vers la gloire protégera jusqu’à la dernière limite. Lowell Sherman campe le réalisateur désabusé avec un réalisme confondant. L’acteur mort trois ans plus tard à 49 ans ayant été mêlé de près au premier grand scandale qui éclaboussa Hollywood en 1921 avec l’affaire Arbuckle, semble tout désigné pour rendre compte de la machine à broyer qui s’est rapidement mise en place sur la côte Ouest des Etats-Unis. Le producteur Julius Saxe (Gregory Ratoff) donne une vision sans doute un peu idyllique du père protecteur qui défend tant qu’il le peut ses ouailles. On peut penser aussi que le cynisme des Jack Warner, Louis B Mayer ou Adolph Zukor était autrement plus développé mais Cukor qui connaissait bien les studios a peut-être choisi de ne mettre en avant que le côté paternaliste de ces juifs ayant construit des empires après avoir émigré de l’Europe centrale au tout début du XXème siècle. Un petit coup de griffe est donné au passage aux deux commères que furent les journalistes Louella Parsons et Hedda Hopper responsables aussi de l’asservissement du peuple aux ragots . Si l’ascension de la jeune Mary Evans peut paraître miraculeuse voir improbable on sait qu’Hollywood machine à rêve a toujours voulu montrer que l’inaccessible était à portée de main des ambitieux. Constance Bennett qui est alors au zénith de sa gloire rend très bien la transformation de la chrysalide en papillon, processus que les magnats d’Hollywood ont su parfaitement maîtriser jusqu’à nos jours. Le film complétement oublié aujourd’hui a servi de trame pour « The artist » la version muette de Hazanavicius qui a valu un oscar à Jean Dujardin. Ainsi ce film parfois maladroit mais déjà précurseur peut savourer une revanche qui doit faire plaisir là-haut dans les cieux, au très raffiné George Cukor.
A l'heure actuelle c'est le film le plus ancien que j'ai vu du futur réalisateur de "The Philadelphia Story" et de "My Fair Lady", et aussi hélàs l'une de ses oeuvres les plus décevantes. Ce film passe pour avoir été une très grande source d'inspiration pour "Une Etoile est née". C'est difficile de nier l'évidence. Les deux seuls différences notables avec le film de Wellman et le remake de George Cukor (eh oui, le cinéaste de ce film !!!) étant qu'ici le réalisateur alcoolique remplace l'acteur alcoolique et que les liens qui unissent ce dernier à l'actrice dont il est le pygmalion restent amicaux (même si on peut penser que c'est beaucoup plus profond que cela !!!). D'ailleurs la façon dont est traitée la relation entre ces deux personnages constituent un des deux gros points faibles de l'oeuvre. Le scénario est considérablement insuffisant à ce niveau-là, chose que déplorait fortement George Cukor lui-même. On peut penser aussi que le personnage du mari est en trop. L'autre gros point faible de l'oeuvre est la fadeur des interprètes masculins ce qui fait que Constance Bennett n'a aucun mal à se tailler la part du lion. On peut considérer ce film comme un brouillon que William Wellman améliorera considérablement pour son film.