Un premier film aux accents prometteur. Le réalisateur catalan Guillem Morales, a tout d'un cinéaste moderne, bon et en devenir. El Habitante Incierto c'est avant tout une idée, une idée qu'un réalisateur et un scénariste développe tout d'abord avec brio, un architecte dans une belle maison, quitté par son amie, fait entrer un soir un homme qui veut utiliser son téléphone. Il accepte, va dans la cuisine et lorsqu'il revient, l'homme a complêtement disparu. La petite intrigue, alléchante d'ailleurs, n'est que le premier volet d'El Habitante incierto, parce que la vraie force du cinéma de Morales, c'est le coup de bluff, lorsque la cape rouge du torero voltige pour changer immédiatement de couleur. El habitante Incierto prend tout d'un coup une autre tournure, l'espionné devient espion. Le problème, c'est le perfectionnisme. Le perfectionnisme, c'est lorsque la sobriété est très belle, on veut rajouter quelques fioritures pour que ce soit parfais, et finalement... ce ne l'est plus. Il y a trop d'idée qui se mélange dans le film, d'abord plaisant de par l'originalité et les rebondissements, on se retrouve vite étouffé par un sentiment de trop plein. On n'arrive plus à comprendre, on se perd et c'est là qu'apparaît le troisième volet : la déception. Ou clairement lorsque l'on perd pied et que l’ambiguë et l’épuré ne veut plus rien dire. Mais, ce premier film n'est pas à crucifier et à montré du doigts comme un échec. El Habitante Incierto est très prometteur, tout d'abord face à sa réalisation, très moderne et juste, innovatrice dans le monde thriller haletant. Même si le scénario devient trop compliqué à la longue, le spectateur va de surprise en surprise, et je crois ne s'ennuie à aucun moment. Il y a aussi, le plus européen, où le spectateur n'est pas forcément confronté à une morale débile. C'est un film fourmillant de bonnes idées, d'acteurs excellents et de scène excellentes. Si le tout n'est pas parfais, il faut à la manière des tapas savoir picoré les bons morceaux !