Sur le papier, "Hellraiser: Bloodline" était l'une des suites les plus intéressantes, et sans doute la plus ambitieuse, de la franchise. Avec un récit éclaté en trois époques, sur l'histoire de la famille du créateur de la fameuse boîte infernale. Et de l'ambiguïté, de nombreux personnages...
Sauf que tout ceci va se vautrer en beauté. Le scénario sera ré-écrit devant un budget limité (4 millions de dollars). La production s'avèrera chaotique (Doug Bradley en parle comme l'un des pires tournages de sa carrière). Et le studio restructurera fortement le film, coupant et ajoutant des scènes, conduisant au départ du réalisateur initial, Kevin Yagher.
Ce qui explique que le réalisateur crédité soit Alan Smithee. Le célèbre pseudonyme imposé et toléré par le syndicat des réalisateurs américains en cas de conflit avec la production.
Si l'on regarde les actes un par un, le volet au 18ème siècle tient à peu près la route, si ce n'est quelques bizarreries de montage. De bons effets sanglants, une jolie musique, une ambiance dépravée, les origines de la boîte... dommage que cela dure à peine 20 minutes !
L'acte suivant se déroule en 1996, et se veut comme la suite artificielle de "Hellraiser III". Ca commence à se gâter, avec plusieurs problèmes de logique. Dont le personnage de Pinhead qui passe de justicier de l'Enfer à un démon voulant ouvrir une autoroute vers notre monde. Angélique, l'un des personnages les plus intéressants de la franchise sur le papier, incarnée par la troublante Valentina Vargas, est pratiquement sacrifiée. Alors qu'il y avait largement matière à faire (une démone ayant vécue 200 ans sous la coupe d'un Terrien épicurien, et confrontée aux nouveaux cénobites).
Puis c'est la conclusion, dans une station spatiale du futur (!). Pourquoi pas. Sauf que non seulement ça fait "Alien" du (très) pauvre. Mais en plus, les acteurs sont les plus mauvais du film (et pourtant ça ne vole pas haut). Tandis que les trucages SF ou CGI de l'époque étaient déjà obsolètes en leur temps.
Je sauverai les cénobites, assez bien pensés en terme de design. Angélique et sa "coiffure", ou les jumeaux. Doug Bradley a toujours la classe en Pinhead. Toutefois la propension des scénaristes à lui faire déclamer des monologues devient ridicule à force.
Ce quatrième film et beau gâchis sera ainsi le dernier de la franchise à sortir en salles, encore à ce jour...