Ah, j’ai parcouru évidemment un peu la critique sur ce film avant de le visionner, et je suis tombé sur une critique désastreuse de Libération ! Bon, cela m’a conforté dans mon visionnage, car force est de constater que cette critique d’époque d’une partialité confondante me paraissait être dans le caniveau du métier. Elle l’était en effet !
Car Ludwig van B est clairement, avec Paperhouse et Candyman un des meilleurs films de Bernard Rose, du moins pour l’instant. Inférieur à ces deux derniers, il n’en reste pas moins très bon, bien au-dessus de l’autre film en costume du réalisateur : Anna Karénine.
D’abord le casting est excellent, avec, surtout, un Gary Oldman énorme. Ok la galerie d’actrices est magnifiques, même si toutes n’ont pas des rôles très conséquents, ok Jeroen Krabbe est efficace, ok les seconds rôles valent le détour, mais il n’en reste pas moins que Gary Oldman est une copie conforme du personnage qu’il campe ! Jeu fiévreux, ressemblance physique troublante, il faut avouer que l’avoir choisi pour ce rôle était une idée lumineuse tant Oldman semble fait pour camper ces personnages romantiques torturés, ombrageux. Il est un atout certain pour ce film.
Le scénario est intéressant car Bernard Rose ne se contente pas seulement de mettre en image l’histoire sans mettre son grain de sel. Certains ont reproché au film ses choix audacieux et pas forcément dans la dynamique générale des érudits du sujet, mais à vrai dire on s’en moque ! Ce que je note surtout, c’est ce choix brillant d’avoir à la fois réussi un hommage très beau au compositeur, et de ne pas avoir reculé, parallèlement, sur les zones sombres du personnage. Il y a quelques raccourcis ou facilités scénaristiques, mais c’est typique du biopic, et cela n’enlève rien à la qualité du récit qui sait aussi être concis et fluide en dépit des retours en arrière nombreux. Et, grosse force par rapport à Anna Karénine du même réalisateur, ce film dégage de l’émotion, de la gravité, du souffle, et c’est bienvenu.
Coté réalisation Bernard Rose se fait visiblement plaisir. On sent qu’il aime le personnage, ou qu’il le fascine. Sa mise en scène sait se faire intimiste quand il le faut, mais sait aussi se faire bien plus ambitieuse (le final sur l’Hymne à la joie par exemple), et donner de la flamboyance. Pourtant, et c’est peut-être ce que certains on put lui reprocher, il reste assez menu, cherchant peu cette exubérance justement, pour l’intimité des alcôves et des intérieurs, privilégiant clairement l’intime. Un choix qui peut surprendre, mais qui ne m’a personnellement pas dérangé. A noter bien entendu les très beaux décors, la jolie photographie, et l’excellente partition musicale qui, cela ne surprendra pas, nous fait un melting-pot des œuvres du compositeur.
Au final Ludwig van B est une très belle biographie de Beethoven. Ça manque peut-être un peu de force, surtout dans la première partie à la narration un poil chaotique, mais c’est indéniablement un film à voir pour les amateurs du compositeur, et même pour les autres, car, en dépit de ses choix parfois audacieux, ça reste une belle entrée en matière pour découvrir un homme que l’on ne connait finalement que très peu. 4.5