Le film est d’une grande richesse, d’abord une comédie, aux dialogues savoureux (« Tu n’es pas bon à rien, tu es mauvais à tout », « Tout condamné à mort aura la tête tranchée », phrase du code pénal déclamée sous tous les tons) sur Irénée Fabre (Fernandel, 35 ans, exceptionnel), commis avec son frère (car orphelins), dans l’épicerie de son oncle Baptiste Fabre (Fernand Charpin, 51 ans), qui croit, aveuglément, avoir le talent d’acteur et fait l’objet d’une farce (signature d’un faux contrat d’engagement) de la part de techniciens de cinéma venus tourner un film dans le village et qui l’ont baptisé Schpountz [terme inventé par le directeur de la photographie de Pagnol, Willy Faktorovitch (1888-1960), d’origine russe, à propos d’un jeune homme mythomane qui avait fréquenté le tournage du film « Angèle » (1934)], équivalent de fada ou jobastre. Il devient ensuite un film sur le cinéma (et une déclaration d’amour de la part du réalisateur, avec une mise en abyme) avec des moments drôles, satiriques et émouvants [Irénée faisant son autocritique, discours du producteur Meyerboom (« On devient vieux quand on tutoie tout le monde et que personne ne vous dit tu »), déçu de n’avoir pas été mis dans la confidence de l’intrusion d’Irénée à la 38e prise d’une scène d’un film sur Napoléon, d’un réalisateur russe hystérique, défense des auteurs comiques avec un hommage à Charlie Chaplin (1889-1977)] ainsi que sur les rapports de classe [Irénée, tel le (faux) fils prodigue retourne chez son oncle en habit de commis, malgré sa réussite professionnelle et sentimentale].