(...) Si les gangsters gardent la classe, avec leurs costumes taillés sur mesure, leur train de vie dispendieux et un défilé de jolies femmes, le portrait qui est fait de ces derniers est bien plus acide et bien moins flatteur sous plusieurs aspects. Charley Partanna a beau être un redoutable tueur, il n'en reste pas moins un homme profondément stupide (c'est ce que Huston répétera à Jack Nicholson avant chaque prise d'ailleurs), complètement soumis à son amour des femmes, ces dernières sachant pertinemment comment faire pour le manipuler, ou bien aux ordres de ses supérieurs, quelques soient ses sentiments ou ses envies. On rit bien souvent aux dépens de ce personnage, à la fois maladroit et étroit d'esprit, bourrin et aimant le raffinement. Nicholson livre par ailleurs une performance incroyable dans ce rôle. (...) L'autre grande actrice du film, c'est bien sûr Kathleen Turner qui trouve là un rôle de femme peu banale : tueuse implacable, séductrice de haut vol, elle mènera par le bout du nez Charley pour arriver à ses fins. Cette comédie noire et satirique respecte tous les canons du genre, avec son lot d'intrigues liées à l'argent, avec les inévitables traîtres, coups tordus et autres rivalités qui entraîneront quelques règlements de comptes sanglants et qui seront probablement développés dans les suites des aventures de cette famille mafieuse qui oscille entre la bouffonnerie et la maîtrise complète des affaires. Ce subtil mélange inspirera sûrement David Chase, le créateur de la série "Les Soprano" qui obéit à peu près aux mêmes règles avec ses héros qui agissent comme de véritables beaufs au quotidien tout en
tuant de sang froid et sans aucun remords tout ceux qui les gênent.
(...) La mise en scène de Huston apparaît comme vraiment aboutie, avec quelques mouvements de caméra assez incroyables et sa direction d'acteurs est elle aussi formidable. Un découpage fluide, quelques effets de style discrets et une maîtrise du tempo tout bonnement exceptionnelle bref, c'est du très haut niveau. En fait, l'un des rares éléments visuels qui soit un peu en retrait selon moi, c'est la photo du film signée par Andrezj Bartowiak. Un peu trop lisse, ses éclairages ressemblent par moments à ce qu'on peut retrouver dans les soaps opéras de l'après-midi. Son manque de contraste nuit vraiment au film, qui aurait mérité un peu plus de noirceur dans ses tons. Le critique complète ici