Adaptation du roman de John Burnham Schwartz,Reservation Road est un "Direct to DVD" à ne pas rater. Drame sombre et psychologique, ce film aborde avec une pertinence remarquable l'effondrement d'une famille perdant son gamin sous une voiture daignant s'arrêter. Est alors décrit le portrait de deux pères ravagés, l'un par la colère et la tristesse, l'autre par la culpabilité,le mensonge et l'hésitation. Cette histoire âpre et traitée de manière très réaliste vous prendra aux tripes et ne vous lâchera pas une seconde. Un film qui est parfaitement maitrisé sur le plan relationnel et sentimental, véhiculant un vrai malaise avec lui. On perçoit sans aucune difficultés les effluves d'émotions, de pleurs, de cries de ces différents personnages, tous torturés d'une manière ou d'une autre. Ingénieusement conçu, Reservation Road nous décrit cet enfer de l'autre côté du miroir aussi, c'est aussi bien dans la peau du père en deuil que du père assassin malgré lui, fuyant une atrocité qu'il ne peut oublier et effacer, plongé entre ses problèmes familiaux et un sentiment de déshonneur et d'incommodité de plus en plus fort et difficile à maitriser. Malgré ses premiers abords un peu froids ce film fait preuve de sobriété et de justesse, traitant un sujet sensible pas facile d'accès. Terry George (le metteur en scène du film) conçoit cette œuvre ténébreuse et cruellement concrète. Un tour de force qui relèverait de l'excellence si l'intrigue ne tournerait quelques fois pas en rond, nous offrant au passages une ou deux scènes incohérentes face à tant homogénéité et d'émotion. Jugé ce film de démoralisant relèverais du doux euphémisme tant l'angoisse et le chagrin nauséeux de ceux deux pères est palpable. Deux personnages au cœur de cette intrigue, braillement interprétés tous deux: Nous retrouvons Joaquin Phoenix plus torturé que jamais, mais éclatant de crédibilité et de justesse, face à Mark Ruffalo perdu, indécis et complétement submergé par la catastrophe qu'il a commise. Un duel ou bouillent vengeance, panique, dissimulation, mensonges et hésitation. Jennifer Connelly et Elle Fanning sont elles aussi très satisfaisantes, parfaitement intégrées à ce triste drame. La mise en scène est austère, la photographie explore des couleurs souvent mélancoliques, en parfaite adéquation avec l'ensemble de l'histoire. Le rythme est quant à lui souvent lent mais sait très bien se calibrer et se vivifier lorsque certains passages l'exigent. Le fond comme la forme de ce film simple et extrêmement poignant sont réussis. Reservation Road a tout d'un très beau drame qui, sans nous bourrer le mou une seule seconde, sait allier justesse et sensibilité afin de nous délivrer un film de grande qualité. 15/20