Avec Target, un Arthur Penn en fin de carrière propose un petit thriller efficace, sans prétention et plutôt rondement mené, jouant à la fois sur l'aspect famille et sur un ancien de la CIA rattrapé par son passé.
Celui qui demeure aujourd'hui le symbole du Nouvel Hollywood grâce à Bonnie & Clyde et dont la courte mais riche filmographie contient d’inestimables pépites, se retrouve ici à diriger un film loin de ses ambitions passées, un thriller assez classique, respectant le cahier des charges du genre mais se révélant plutôt agréable à suivre. Si le scénario ne réserve aucune vraie surprise, y compris le twist final, les deux protagonistes sont assez intéressants et la relation qu'ils entretiennent évite lourdeur et caricature.
Arthur Penn divise Target en trois parties distinctes et c'est dans celle centrale que l'oeuvre trouve ses limites, se révélant trop longue, légèrement confuse dans les personnages et jamais vraiment transcendante. C'est dommage, car le début du film est vraiment bon, avec un parfum mystérieux, des personnages intéressants, voire même attachants, tout comme la relation entre le père et le fils, mais aussi une sensation de voyage dans les rues européennes plutôt sympa, tandis que la dernière partie conclut assez bien ce thriller.
Si Target sort légèrement du lot, c'est aussi grâce aux deux comédiens principaux, qui portent clairement le film sur leurs épaules, avec un Gene Hackman impérial, comme toujours, et un jeune Matt Dillon parfait et évitant la caricature dans un rôle compliqué, alors qu'on peut aussi apprécier la jolie Ilona Grübel en figuration. Ils font preuve de justesse, et en deviennent même attachants, sauvant alors le film de ses quelques égarements typiques des années 1980 et d'un personnage allemand qui ne fait pas dans la finesse.
Arthur Penn ne se montre guère ambitieux avec Target mais signe-là un petit polar bien sympathique et efficace, porté par un impérial Gene Hackman et un jeune Matt Dillon arrivant à rendre leur relation attachante, et leur objectif captivant.