Le plus grand succès sur les planches de Louis de Funès est, également, un de ses films les plus connus. Et pourtant, cet Oscar ne peut raisonnablement être considéré comme un de ses meilleurs films tant il porte les stigmates de ses origines théâtrales. On retrouve, ainsi, le principe du huis-clos, l’intrigue constamment relancée par ses rebondissements comiques plus ou moins crédibles ou les interprétations outrancières de rigueur. Mais, heureusement, l’acteur est le maître absolu du projet et "Oscar" est, sans surprises, un show non-stop du maître… voir même le film qui résume le mieux son jeu. Tout est réuni dans "Oscar", de son personnage fétiche de bourgeois flattant les puissants et humiliant les faibles à son agitation perpétuelle, en passant par ses accès de colère et ses invraisemblables grimaces. A ce titre, la fameuse scène du pétage de plomb (avec le nez qu’il étire pour mieux le couper) résume parfaitement la dépendance du film à De Funès puisqu’elle aurait pu être ridicule mais fonctionne parfaitement grâce à lui… même si elle devait être bien plus hilarante su scène ! "Oscar" est, donc, sans doute, le film à voir pour savoir si on aime De Funès ou pas. Pour le reste, le scénario est un pur produit du théâtre de boulevard avec ses qualités (rythme comique, humour franco-français tellement rassurant avec ses intrigues amoureuses, ses codes désuets où le fils de bonne famille troussait immanquablement la bonne…) et ses défauts (rebondissements tirés par les cheveux, manque de subtilité des personnages…), même si un des principaux ressorts comiques du film, à savoir le jeu des valises, m’a paru franchement poussif. Quant aux dialogues, ils sont d’une indéniable qualité et doivent sans doute beaucoup aux multiples représentations théâtrales qui ont permis de les affûter. Il convient, cependant, de rappeler le grand talent des seconds rôles, qui, certes, servent la soupe à De Funès mais qui parviennent à exister dans son ombre, que ce soit l’excellent Claude Rich en jeune arriviste, Claude Gensac en irremplaçable épouse, l’excellent Mario David en masseur balourd ou encore l’impayable Paul Préboist en valet. "Oscar" est donc un divertissement familial poussif mais sympathique qui doit tout à son interprète principal. Il reste, cependant, bien inférieur aux chefs-d’œuvre du génie tels que "La grande Vadrouille" ou "Rabbi Jacob".