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L'homme le plus classe du monde
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1,0
Publiée le 18 septembre 2013
La vie merdique d'un vétéran du Vietnam, qui peine à refaire sa vie entre ses dettes, son chômage et son bébé qui ressemble à la créature de eraserhead. Un concept déjà vu cent fois au cinéma, mais qui est néanmoins plutôt alléchant sur le papier. Mais malheureusement, devant le manque de moyen évident qui transparaît à travers ce film, le résultat est plus proche de "bad taste" que de "taxi driver". Autrement dit, on doit se farcir une réalisation hasardeuse, un rythme lent, un jeu d'acteur parfois approximatif et une bande son digne d'un jeu d'arcade des années 80. Même avec du second degré, le visionnage de "Combat Shock" est difficile, tant le propos du film est noir et pessimiste. Pas grand chose à retenir, donc, si ce n'est la toute fin du film dont la violence extrême vient brutalement nous sortir de notre torpeur spoiler: (le "héros" abat sa femme, met une balle dans la tête difforme de son bébé avant de placer son cadavre dans le four !)
Après le farfelu Poultrygeist et l’insipide Barbarian in dinosaur’s hell, troisième tentative de visionnage d’un Troma. Ca tombe bien, celui-là est fréquemment cité comme leur chef d’œuvre – si ce terme a encore un sens avec nos rois du ciné cheap. Pourtant, dès les premières minutes, on devine que cette fois ce sera différent. Combat chock évite le gore potache habituel, se concentre sur l’atmosphère de délire malsain et surréaliste. On n’est pas très loin d’un Existenz, d’un Eraserhead, voire d’un Johnny s’en va-t-en guerre – toutes proportions gardées s’entend : les images d’archives en intro, les bruitages au synthé kitsch, divers détails nous rappellent régulièrement où l’on est. Mais les idées pleuvent pour gommer la frontière entre fantasme et réalité, entre rêve, souvenir, aspirations et vie réelle. Et on se laisse happer par le questionnement insoluble du héros. Surprenant.
Rare sont les films qui réussissent à mettre le spectateur vraiment mal à l'aise. En dépit de son budget dérisoire et de ses quelques baisses de rythme, Combat Shock est un film que l'on n'oublie pas. Les défauts sont légions mais le message politique du film est tellement puissant qu'il fait oublier les imperfections du film. Le message du réalisateur est simple et efficace : Les Etats-Unis ont envoyé des milliers de jeunes soldats dans un conflit inutile où la majorité d'entre eux en sont revenus mutilés, drogués et fous. Pour les survivants du Vietnam, le retour au pays fut loin d'être évident. L'administration américaine ne s'est jamais vraiment préoccupée du sort de ses soldats et la réintégration des recrues dans le civil fut un parcours du combattant. Considérés comme des parias, certains d'entre eux sont tombés dans une spirale infernale du fait de leur grande précarité. Combat Shock dénonce ces conditions de vies inacceptables avec une rage certaine et un goût prononcé pour le sordide. Il suffit de voir l'appartement dans lequel vit Frankie pour comprendre que Combat Shock ne va pas faire dans la dentelle. Le côté ultra glauque du film sert finalement le propos du réalisateur. Certains longs métrages traitant du Vietnam ont souvent pris des gants avec leur sujet en édulcorant leur mise en scène pour en faire des longs métrages grand public. Combat Shock fonce dans le tas et n'hésite pas à faire de grosses tâches. Le côté "too much" du film sert à merveille un propos qui met l'Amérique face à ses erreurs et qui la confronte à ses propres tabous. Combat Shock se rapproche parfois du cinéma expérimental avec un travail sur le son déroutant et un montage épileptique qui nous immerge dans l'esprit fracassé du héros. Le côté eighties du film lui donne également un charme particulier, surtout à notre époque où l'imagerie cinématographique des années 80 est au top de la hypitude (cf HOBO WITH A SHOTGUN ). Combat Shock est le seul film "sérieux" produit par Troma, la firme de Lloyd Kaufman. Cette boîte de prod' légendaire se tourne plus volontiers vers le gore rigolo mais cette dernière n'oublie jamais de caler une critique ouverte de la société américaine dans ses films. Concept idéologique que l'on retrouve évidemment dans Combat Shock. Le film de Giovinazzo est un bel exemple de réussite dans le genre "on a en a pris plein les gencives mais c'est l'heure de rentrer au pays". Un genre qui compte en son sein : Voyage au bout de l'enfer et WARRIORS, pour ne citer qu'eux. Je terminerai cette critique en vous parlant du livre de Jean Paul Mari, Sans blessures apparentes, un ouvrage choc qui recense des témoignages de traumatisés de guerre. Je cite la quatrième de couverture : "Je suis grand reporter. Trente ans que je couvre les guerres du monde. Au début, je ne savais pas ce qui m'attendait. Massacres, charniers, tortures et viols...J'ai plongé dans la nuit. Très vite, j'ai remarqué ces hommes que la guerre a rendu fous : héros terrorisé par ses cauchemars, ancien commando soudain muet ou vétéran qui se tire une balle dans la bouche. Ce mal, étrange, est aussi répandu que tabou. Rwanda, Bosnie, Irak, Algérie, Vietnam, Liban...De partout, des hommes reviennent brisés. Depuis ce jour où ils ont rencontré la mort, dans la gueule d'un fusil, le regard d'un ennemi ou les yeux d'un ami."