Tchao pantin est un film, d'un point de vue intérieur, assez classique. Pour ne pas dire très convenu. Cependant, comment arrive t-on dès lors à plonger le spectateur dans une ambiance si tendue, où le rôle de la narration se retrouve être totalement remit en question ? Là est le point le plus intéressane de cette oeuvre forte, unique en soit. Tout d'abord, l'intrigue commence par ce qui se fait de plus bancal et de plus prévisible : celle d'un délinquant rencontrant un homme seul, psychologiquement complexe, et dont la rencontre sera déterminante pour faire avancer le récit. Bref, il n'y a rien là dedans de très original. Mais la nouveauté, le risque évident, étant que le film n'utilise pas le dialogue humain pour faire avancer son histoire. Sans psychologie ni émotion, le film nous est narré par l'inconnu. Une véritable voie de machine, froide et terrifiante. Une réflexion se pose, une solution se réfléchie. Et c'est un fait, Claude Berri nous bouleverse. Non pas que son film est extraordinaire. Cela importe peu. Mais cette idée de nouveauté, dénué de tout sentiment humain, nous renvoie directement à notre propre condition. Entre-autre, l'intérêt que porte l'homme aux faits et à sa forme. Et cela sans philosophie. Comme ci, tout fait étant évidemment réel, il ne pouvait y avoir que le pouvoir des mots pour que l'homme lui donner oui ou non de l'intérêt. L'incroyable, une jouissance de l'homme ?Mais dans Tchao Pantin, la narration prouve que non seulement cette intrigue n'a rien d'incroyable et de passionnante, mais qu'il ne suffit pas de la rendre incroyable pour lui donner un sens. Claude Berri pose une nouvelle question au cinéma, un nouvelle voie qu'utilisera plus tard et entre-autre Michael Haneke (voir "Caché") pour donner une nouvelle dimension artistique au rôle de la caméra, des acteurs, et de son public. Evidemment, Coluche y est excellent avec le reste des acteurs. Mais la qualité étant sa profondeur formelle, on ne peut qu'applaudir Berri. Pertinent.