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lhomme-grenouille
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4,0
Publiée le 17 mars 2010
Dans un style plus sobre que son dernier "Adoration", Atom Egoyan parvient malgré tout - et une fois de plus - à trouver les manières pour nous séduire. Ici, c'est tout en suavité que le réalisateur canadien caresse son sujet, s'appuyant d'ailleurs pour cela sur un trio magistral dont la somptueuse Julianne Moore. Or, bien qu'il aborde une fois de plus un sujet pourtant maintes fois traité - l'adultère - Egoyan parvient malgré tout à l’aborder subtilement, sous plein de facettes différentes, et avec une science réelle du rythme et de l'atmosphère. C'est bien simple, on se laisse tranquillement mené par le maître canadien tant son film est bien ficelé, évitant qui plus est de sombrer dans les moralités d'usages. Bref, même si on n’a pas l’impression de vivre une révolution, il est bien difficile de se priver en ces temps plastiques d’un tel spectacle de velours...
Cette adaptation libre du film « Nathalie » d’Anne Fontaine est une tentative de concilier l’univers cérébral et sensuel de Egoyan avec un cinéma plus « grand public ». Tout ce qui faisait le charme de l’univers de l’auteur canadien est affadis, l’érotisme chic, la psychologie torturée des personnages, la musique de Michael Danna tout est là mais en mode mineur. Par contre pas de montage en flash back fragmenté comme les aime Egoyan, le récit et simplement linéaire. Le film se regarde tout de même avec plaisir, notamment grâce aux comédiens, Julian Moore et Liam Neeson forcément ça envois. La vraie révélation du film c’est Amanda Seyfreid, beauté étrange et fascinante, on aurait aimé que les fêlures de son personnage de prostituée de luxe soit un peu plus creusée dans le scénario, au lieux de ça tout tourne autour des frustrations d’une bourgeoise de cinquante ans (Julianne Moore impec) c’est tout de même moins mystérieux.
Ses critères et ambitions esthétiques n'ayant jamais été guidés par la réussite, la conivence, la séduction chaleureuse ou le soucis de plaire au pseudo critique Allocinéen, l'escapade hollywoodienne d'Atom EGOYAN décevra fatalement... Tel un clandestin, il se coule à merveille dans le moule, sans se renier à aucun moment (ni abandonner ses équipes techniques) et passe en contrebande tous ses bagages, thèmes, archétypes, structures, obsessions. Belle occasion d'initiation et d'introduction pour tout ceux qui n'ont jamais rien vu de lui, de s'immerger dans une part de son univers. Malheureusement, en plus d'avoir de plus en plus mauvais rapports avec le Temps, on vit à l'époque où presque tout le monde tient son savoir non d'un regard personnel ou d'expériences vécues en propre, mais un doigt sur la souris, et le cerveau disponible à tout gober, du coup les perroquets font leur sale travail et se contentent de copier-coller tout ce que la presse dit. Grace à eux on apprend que "Nathalie" d'Anne Fontaine est le maître étalon du genre, grand moment du cinéma français qui reste dans toutes les mémoires... dont ce film ne serait qu'une pâle copie inutile. Ils veulent bien le croire, adhèrent à la thèse, et la nourrissent. Mais... mais... tiens, ne serait-ce pas une des thèses du film ?