En 1993, Jurassic Park fit fureur auprès du public et du cinéma en général, remettant au goût du jour les dinosaures par le biais d’effets spéciaux d’une qualité encore aujourd’hui inégalée. Mais dans l’ombre du chef-d’œuvre de Steven Spielberg, un autre film, sur le même sujet, avait également vu le jour. Se présentant lui aussi comme l’adaptation d’un livre (publié 6 ans avant celui de Michael Crichton et qui avait été également écrit avec le nouvel engouement des gens pour ces créatures préhistoriques), qui prenait comme base la génétique et la science comme sources de leur résurrection. Problème : le film n’a coûté seulement qu’un petit million de dollars (face au 65 millions de Jurassic Park) et possède le statut de série B nanardesque qui a empêché une sortie dans les salles françaises (et sans doute dans d’autres pays). Retour donc sur Carnosaur, un long-métrage sorti de nulle part et qui, pour certains, aurait dû rester là où il était !
À première vue, Carnosaur est un film raté. Un navet de premier ordre qui, sur le papier, ose se prendre au sérieux, n’allant jamais dans le second degré, préférant se préoccuper de ses personnages d’une platitude et d’un cliché exaspérants (mal joués, qui plus est !) et de situations plus ridicules les unes que les autres. Tout en reprenant les bases mêmes du livre (sans pour autant en faire un copié-collé), qui fait renaître les dinosaures grâce à une sorte de virus forçant les êtres vivants de sexe féminin (d’abord des poules puis des femmes) à donner naissance à ces reptiles. Une intrigue tirée par les cheveux, initiée par une scientifique farfelue qui exécute ce plan de son plein gré, juste histoire de décimer l’espèce humaine et d’offrir aux dinosaures une seconde chance de peupler la Terre. Il ne manque plus qu’une musique à base d’orgues et la foudre en fond quand celle-ci évoque son plan à l’un des héros, et la connerie aurait été des plus parfaites !
Un constat qui se renforce avec l’aspect visuel du film, qui ne vole jamais bien haut. En même temps, avec un budget d’un million de dollars, l’équipe du film ne pouvait rivaliser avec Jurassic Park. Aussi, ne soyez donc pas étonnés de voir des dinosaures en carton de pâte d’une laideur incommensurable, représentés par des effets spéciaux (principalement des robots et des marionnettes) bas de gamme, à l’échelle jamais respectée (un coup le dino est plus grand, un autre sa queue n’a pas la même dimension que sur le plan précédent…). Sans oublier une mise en scène inexistante, qui n’arrive jamais à relever le niveau ne serait-ce qu’un minimum !
Et pourtant, nous pouvons trouver un petit charme à ce Carnosaur. Car en y regardant bien, le long-métrage à quelque chose de jouissif qui aide à passer le temps. D’accord, le film est mauvais, cela ne fait pas l’ombre d’un doute ! Mais il peut se laisser regarder sans déplaisir grâce à un seul détail : contrairement à ce que Carnosaur pourrait laissait croire, cette série B ne se prend nullement au sérieux. Affirmant sont statut de nanar sans aucune pudeur, ne cachant jamais ses effets pathétiques et s’enfonçant dans un gore à outrance au risque de n’avoir qu’un script où pleuvent les victimes par dizaines (le film a quand même été déconseillé aux moins de 16 ans). Le film ne cherche pas à se démarquer des gros blockbusters, il préfère amuser avec son concept à deux balles, ses séquences de tueries et ses personnages clichés plutôt que d’imposer une envergure qu’il n’aurait jamais pu atteindre. Bref, le film se lâche dans le n’importe quoi, et se permet même un final inattendu, assez pessimiste, bien loin des standards du genre. Un rendu finalement assez sympatoche pour déconner entre copains !
Une série B qui aura un étonnant succès lors de son exploitation en vidéo et qui donnera donc naissance à plusieurs suites de bien piètre qualité. Bien que celle de ce Carnosaur ne soit pas vraiment au rendez-vous, le film n’en reste pas moins un bon gros nanar un chouïa jouissif qui lui permet de sortir du lot de tous les divertissements de ce genre qui passent directement par la case vidéo lors de son exploitation à l’international. Pas inoubliable, mais pas catastrophique non plus !