Très bon film fantastique envoûtant.
Attention : il ne faut pas confondre le « Christine » de John Carpenter et celui de Pierre Gaspard-Huit, film pendant lequel Delon et Romy Schneider se sont rencontrés pour la première fois devant la caméra. Ici, nous parlerons bien du « Christine » du maître du fantastique des années 1980, de l’adaptation du roman de l’auteur de « Shining, l’enfant lumière », le neuvième-long-métrage de Carpenter.
Avant de parler du film en lui-même, rappelons que ce projet a été initié avant même que Stephen King n’ait écrit une page du futur roman. Seul le titre « Christine » était connu ainsi que le nom de l’écrivain. Et le réalisateur de « Assaut » (le remake de « Rio bravo ») de commencer le chantier.
Voici donc le synopsis final de « Christine » approuvé par Carpenter : Arnie, un adolescent complexé, tombe sous le charme de Christine, une Plymouth Fury 1958, et l’achète. Pour le meilleur et pour le pire… .
Je vais briser la glace dès maintenant. Pour une fois, je ne parlerai pas point par point de la qualité du scénario, des décors, d’interprétation des acteurs ou encore de la musique en elle-même, car ici, tout est parfait ! Big John, comme certains le surnomment, a misé ici sur toutes les qualités possibles et imaginables du métrage pour nous faire sa leçon de cinéma. Et cela marche à merveille ! Je m’attarderai uniquement sur l’ambiance générale du film ainsi que sur l’artisanat de Carpenter.
Alors, pour parler ambiance, il y a bien sûr Christine, cette merveilleuse Plymouth rouge et blanche qui roule des mécaniques rien que pour Arnie (Keith « Pulsions » Gordon, parfait, bien évidement !, dans ce double-rôle). Cette voiture, nostalgique de son année de fabrication et de la musique d’alors, tendance à souhait, égosille l’autoradio en des rock n’roll tous plus endiablés les uns que les autres (comment ne pas reconnaître les Ritchie Valens, Didley, Little Richard… ainsi que le tonitruant « Bad to the bone » présents aux deux génériques ?). De même, Christine s’autorise des embardées sur les routes sans l’autorisation de son propriétaire… et conducteur ! Et en plus, elle est dotée d’une capacité à se régénérer (magnifiques effets spéciaux de mécaniques !!) très facilement. Tout cela fait non seulement de Christine un personnage endiablé et de feu (c’est le cas de le dire !), mais aussi la bête de curiosité du film s’emparant d’une réelle empathie par le spectateur lambda (à un scénario bien huilé découle forcément à une étude psychologique très bien fouillée). Christine colle ici à l’ambiance poisseuse et anxiogène (fantastique) voulue par Carpenter.
En découle donc mon second point, l’artisanat du nouveau maître du cinéma fantastique. Big John s’empare d’abord de la réalisation (par l’adaptation du roman de Stephen « Misery » King), ensuite de la composition (avec ces quelques notes entravées d’une BO rock n’roll infernale, la bande-son, opérée de manière chirurgicale est désemparée, mystérieuse), dirige ses acteurs (tous convaincants : Dean Stanton, Prosky, Stockwell…), et pour terminer, parachève sa mise en scène (rendue lugubre, macabre et animale par cette fameuse Plymouth). Cet artiste touche-à-tout ancrant chacun de ses métrages qu’il inscrit à merveille dans la période la plus prolifique de sa carrière.
Pour conclure, « Christine » (1984), est un petit chef d’œuvre de genre (concocté par un artisan en la matière) que je considère aujourd’hui comme un film culte.
Spectateurs en manque de sensation, embarquez ce soir pour une virée nocturne… so bad !
Accord parental souhaitable. 3 étoiles sur 4.