Christine est l'adaptation du roman du même nom de Stephen King sortie la même année qui à l'époque était très convoité par les studio pour traduire ses oeuvres littéraire en script, en autre grâce au succès de Carrie, et surtout The Shining. Il était même devenu à l'époque monnaie courante d'adapté les livres de Stephen King en film avant la sortie éditorial pour faire une sortie cinéma en même tant que celle du roman afin de bénéficier de ses retombées critiques et médiatique, un jolie coup de pub pour les studio mais aussi pour l'écrivain (pourquoi s'en priver), néanmoins fallait être convaincu que se serait un best-seller. C'est d'ailleurs comme cela qu'en 1983 pas moins de trois de ses oeuvres adapté sortait au cinéma, Dead Zone, Cujo et bien entendu le film dont il est question aujourd'hui >.
Réalisé par l'unique John Carpenter qui à l'époque connais un moment difficile dans sa carrière après l'échec commercial et critique de The Thing pourtant l'oeuvre la plus majeure, complète, et édifiante de celui-ci mais qui est sortie à un très mauvais moment en confrontant sa très méchante et horrible Chose d'un autre monde au gentil et mignon E.T l'extra terrestre de Spielberg. Cette année la, l'heure n'est plus à l'horreur-fantastique mais à l'émotion-fantastique, chose qu'il paiera cher à sa sortie ciné (malheureusement).
C'est pourquoi avec Christine le cinéaste n'a pas droit à l'erreur et dois renouer avec le public mais aussi les studio. En faisant le choix d'une adaptation il minimise son choix d'exécution et d'imagination pourtant à la base source de sont talent car codifié par le roman lui même, et s'en tient à réaliser le scénario de Bill Phillips.
Je tient néanmoins à rassurer car si d'un point de vu scénaristique il ce retrouve très limité, niveau mise en scène, ost, et autre technicité il a le champ libre et démontrera que même restreint il n'en reste pas moins un génie de la réalisation horrifique. Malgré tout Carpenter reste ce qu'il est et ne pourra finalement s'empêcher de retoucher pour mon plus grand plaisir avec Bill Phillips une bonne partie du scénario à ce moment là trop en adéquation avec le roman.
Au premier abord l'histoire peut paraître très simple et redondant en présentant une voiture maléfique tueuse. Sauf que le scénario développera par petite dose le vrai fond de son récit en le basculant d'une situation fantastique à un sujet beaucoup plus humaniste, même si le film est très clair dès sa scène d'ouverture en ne mettant aucun doute sur le fait que Christine soit une voiture vivante tuant de son plein grès.
En conséquence de quoi son concept de base de voiture démoniaque n'est qu'un artifice le film se centrant d'abord sur ses protagonistes. L'entité fantastique bien que récurrente est un symbole métaphorique de la transition éprouvante de l'adolescence à l'âge adulte, représenté dans le film par un lycéen nommé Arnie.
Une approche dénonciatrice d'un jeune et de son mal-être exercé par les attitudes égoistes et souvent violentes de ses camarades et autres entourages, et qui dans le passage à l'âge adulte trouve sa rédemption, sauf que celle-ci prend une tournure de délivrance par le purgatoire et la damnation. En cela Christine représente ce changement comme si elle évoquée la mutation du jeune homme.
Il est intéressant de voir Carpenter remettre à nouveau en avant des adolescents chose qu'il n'avait plus fais depuis son Halloween(1978), et si Michael Myers était la punition divine des jeunes ado qui franchissait le cap du sexe et de la drogue tel un sida ambulant signifiant un avertissement auprès du public; ici les choses sont totalement différente vu que film met en avant l'incompréhension et l'inefficacité éducative, sociétaire et parental par une institue oppressante envers ceux estimé inférieur, et qui ne comprend plus rien à sa jeunesse.
Tout ceci est transmis au travers d'une liaison amicale entre deux potes de lycée ayant grandis ensemble, l'un étant favorisé et l'autre diminué. Une quête identitaire d'un jeune qui en grandissant va prendre sa revanche sur le monde qui la si longtemps mal traité. La narration joue un élément important car assez vulgaire et violente dans ses propos ramenant souvent les choses au sexes comme pour bien démontrer cette obsession du à une explosion de féromones. Ce qui n'empèche pas quelques dialogues profondément impactant.
Techniquement ce long métrage est exemplaire, une leçon de mise en scène signé Carpenter. Des cadres ainsi que des mouvements de caméra ingénieux permettant de donner véritablement vie à cette voiture. Une manière de présenter Christine par une véritable démonstration visuelle qui à coup d'effets de caméra intuitif lui confère une âme.
C'est surprenant le climat angoissant qu'il arrive à générer en filmant un objet inerte ! Un véritable sens de la menace, du pouvoir évocateur de l'image.
Le jeu de lumière est également très important surtout avec les éclairages éblouissant de la voiture qui de ses phares lumineux transperse les ténèbres telle une faucheuse synonyme de mort. L'animation de celle-ci lui confère une attitude prédatrice tel un requin tournant autour de sa proie qui malgré le feu, la casse... se régénère indéfiniment, un vrai démon d'acier.
On peut ressentir ses sentiments de rage, de peine, et même de jalousie, c'est juste dingue.
Le pomp pom vient de cette capacité à filmé avec de simple regard la complicité malaisante entre la voiture et son conducteur.
Mais le coup de génie passe par l'auto radio qui devient l'élément de communication de Christine qui par des tubes rock'n rol s'exprime. Du coup on a droit à du Johnny Ace, Little Richard, ou même du Buddy Holly, ajouté au bruit sourd et puissant du moteur de la bête, cela lui confère une sacrée aura malsaine.
On aura droit également pour l'ost principale à une superbe composition de Carpenter qui met en avant une musique synthétique marque de fabrique du cinéaste.
Cette musique sonne comme un glas, un avertissement pour celui qui marche seul dans la rue et pour qui cela signifierais de courir pour sa vie. La partition sonne également comme un thème faisant référence à un amour malsain qui entraîne irrémédiablement à la fatalité. Ce n'est pas la meilleure composition de Carpenter mais elle reste de qualité.
Le casting quand à lui est très bon, personne ne surjoue, chose rare pour un teenage movie de cette époque surtout avec des ados. Les comédiens sont tous quasi inconnu du grand écran, hors mis un second rôle entre autre ce qui sonne un peu comme une délivrance car chacun y met de sa présence pour marquer le coup.,Pour le rôle d'Arnie, c'est Keith Gordon qui s'y colle ayant une petite expérience de l'horreur pour sa participation dans Les dents de la mer 2. Il réalise une performance forte et marquante, d'une crédibilité étonnante ! Il incarne un jeune homme fatigué de sa condition de looser et vient trouver réconfort auprès de Christine qui le changera en un dangereux rebelle.
La relation entre Arnie et Christine est sacrément réussite, il est obsédé par elle, et l'aime profondément la considérant comme une fille à part entière. Arnie devient paranoiaque et jaloux de quiconque ose s'approcher d'elle. Il ce livrera avec elle à une élucubration de meurtre qui les souderons à jamais et qui permettra à Arnie d'exorciser toute ses années de maltraitance et de rabaissement accumulé durant sa vie de tout les jours.
Je soupçonne par ailleurs qu'il se soit livré à des actes sexuel avec elle en hors cadre bien entendu. Pauvre, pauvre pot d'échappement.^^
Christine quand à elle est une Plymouth Fury 1958 rouge et blanche, un modèle unique que plus d'un rêverais d'aquérir. Présenté au départ comme un démon monté sur roues insensible avec pour seul but de tuer, elle ce révélera finalement dotée de sentiment. Un sentiment perceptible par Arnie dont elle aussi s'amourachera, et c'est plutôt cool car la fascination d'Arnie est finalement équivalent à l'amour qu'elle même lui porte. Par contre elle déteste la concurrence, donc mesdames tenez vous éloignées.
Quand Arnie vient à mourir en caressant Christine, le temps d'un instant on à l'impression qu'elle pleure. Ce qui conduit à une confrontation finale sous tension.
Le reste du casting est crédible, le comédien John Stockwell incarne Dennis le meilleur pote et beau gosse baraqué de base qui est toutefois pourvu d'une sensibilité émouvante, il est totalement impuissant à ce qui arrive à son ami et tentera autant que possible de freiner le basculement de son copain. Il est bien le seul à prendre totalement la mesure de cette voiture.
Alexandra Paul incarne Leigh, n'ayant avant cela jamais tenu un rôle dans un film je dois dire qu'elle s'en sort très bien. Elle est la seule fille à finalement aimé Arnie et à vouloir sortir avec lui en l'acceptant tel qu'il est, seulement elle est arrivée trop tard car Christine à déjà commencé son oeuvre et la jeune fille devient donc une rivale à abattre. La pauvre Leigh se retrouvera plongé dans une situation hors normes.
Comme très souvent, John Carpenter propose avec Christine une fin ouverte en s'achevant sur un doute infernal , à s'avoir si le monstre, créature, esprit, démon... à bien été battu. Une ambiguité constante chez ce cinéaste qui comme dans ses oeuvres **L'Antre de la folie, The Thing, Halloween 1978, The Fog, Prince of Darkness...**finis toujours sur cette tonalité effrayante qui nous laisse songeur sur le véritable vainqueur de l'histoire. Une approche pour le moins intelligente car elle alimente le sentiment de peur.
CONCLUSION:
Christine est une oeuvre assez particulière dans la filmographie de Carpenter car elle est la résultante d'un échec commercial et critique d'une autre de ses oeuvres sortie juste avant. Voulant prendre un peu de distance en choisissant un film plus simple avec un cahier des charges à suivre, il transcendera finalement le tout et remaniera bon nombre de chose à sa sauce pour proposer un film d'horreur plus profond et poussif qu'il n'y parait ou celui-ci donne une véritable leçon de mise en scène. Une histoire d'amour dérangeante qui vire à l'obsession dramatique entre un jeune homme et une voiture et qui amènera à de multiple meurtre superbement mise en avant. La bande-son du réalisateur parade d'un air macabre et contraste intelligemment avec les nombreuses pistes rock'n roll émis par Christine.
Du grand Carpenter !