Mouais…comment dire…ce sixième volet est loin de combler mes attentes : sans pour autant retomber au niveau des deux plus mauvais opus (le 2ème et le 5ème), "Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé" s’avère inférieur aux trois autres réussites le précédant. Il y a quelque chose qui cloche : la sauce ne prend pas. Tout d’abord au niveau scénario, alors qu’il possédait un matériau de base prenant, offrant une investigation riche en secrets et en découvertes ; Yates propose un film inégal, au récit plus que confus, finalement moins prenant qu’il n’aurait du l'être et s’attardant beaucoup sur les petites romances ados de ses protagonistes : en effet, nos héros continuent de grandir et leurs hormones les titillent plus que sérieusement. On assiste alors à leurs émois amoureux qui prennent le pas sur tout le reste : même le retour du match de Quidditch devient l’occasion de mettre les triangles amoureux au centre de l’intrigue avec l’analogie de l’adversité sportive. Ainsi on verra Hermione et Ron se chercher via leurs amourettes
avec Cormac McLaggen et Lavender Brown
, tandis que Harry se rapprochera étroitement
de Ginny
. Mais aussi incompréhensible cela puisse-t-il paraître, le récit est bien plus structuré et plus intéressant lors de ces fameuses amourettes de nos héros que lors des moments clés de l’intrigue (
la relation entre Harry et Dumbledore, les flashbacks, l’attaque du Millenium Bridge, les « affaires » de Drago
) qui paraissent alors fades…et même la révélation finale, celle qu’on attendait tous, est balancée en mode « ultra bâclage » par une simple phrase (
« Vous essayez d’utiliser mes propres sortilèges ? »
) presque anecdotique (et puis aussi faire ça à un acteur aussi talentueux que
Alan Rickman
est carrément une hérésie !!) Et on évitera d’énumérer toutes les incohérences qui commencent à apparaître pour notre plus grand déplaisir (allez, si une au mois : quand on voit comment les Mangemorts sont capables de faire tout ce qu’ils veulent, notamment s'en prendre directement à la population moldue, on se demande vraiment à quoi sert Poudlard et même le Ministère de la Magie ??!!) La seule et unique qualité du film, c’est que Rogue revient sur le devant de la scène dans un rôle plus ambigu, moins gimmick qu’à l’accoutumée : sa relation avec Drago, son passé trouble…tant de choses jusqu’à maintenant obscures vont enfin nous apparaître comme évidentes. Il y a aussi le personnage de Dumbledore qui s’étoffe : il perd son côté « paternel » qu'on nous présente depuis le début pour dévoiler celui de « stratège », se révélant alors bien plus manipulateur que bienveillant. Sacrifier un peu l’intrigue pour se concentrer sur certains personnages était un choix certes très casse-gueule, mais finalement assez payant au vu du final si inattendu et émouvant ! Mais malheureusement on ne peut pas cacher qu’il manque un certain équilibre au récit et que, comparé aux bijoux qu’étaient "Le Prisonier d’Azkaban" et "La Coupe de Feu", on y perd énormément en dantesque et en émotion. Maintenant attaquons nous au véritable problème du film : son visuel. En premier on va parler des effets spéciaux : si jusqu’à présent la saga arrivait parfaitement à proposer un certain équilibre entre effets physiques et effets numériques, ce sixième métrage est une véritable foire à la synthèse se rapprochant totalement des blockbusters américains sur-vitaminés ! Nos yeux sont constamment agressés par des tentatives de grandiose boursouflé : on explose
un pont londonien
, on voit à des hordes de milliers de sortes de petits Gollum (très moches au passage), des lieux énormes comportes des milliers de meubles sur lesquels reposent des millions de petits objets, les salles de classes sont envahies par un nombre incalculable de potions, les combats deviennent des chorégraphies épileptiques comme si les baguettes étaient des gatlings à sorts !! Il n’y a pratiquement que des fonds verts du début à la fin et, au final, tout ce gloubi boulga virtuel bousille nos rétines mais n’arrive jamais à faire oublier sa véritable nature : le cache-misère. Deuxièmement, la photographie : David Yates est parti chercher Bruno Delbonnel, le pote de Jean-Pierre Jeunet avec lequel il a déjà fait des merveilles. Connu pour ses palettes de couleurs souvent terrestres, avec des déclinaisons de jaunes, de verts et parfois de bleus, Delbonnel signe ici une lumière et des images tout à fait inédites au sein de la saga. Malheureusement, ces fameuses teintes sépia qui s’accordaient si parfaitement avec l’univers de Jeunet sont ici loin de rendre un effet somptueux ou onirique. Bien au contraire, en jouant constamment sur la lumière et l’obscurité et avec de violentes surexpositions et saturations trop présentes, le métrage possède en permanence une atmosphère nauséeuse, bien loin de rendre crédible la réalité sombre du récit comme le faisait si bien les 3ème et 4ème opus. Quand je vois un tel gâchis, deux questions m’interpellent : 01) Où est passé le charme originel de la saga ? 02) Pourquoi avoir à nouveau donné les commandes à ce tâcheron de David Yates ? Si on pouvait encore lui laisser le bénéfice du doute à la fin de "L’Ordre du Phénix", dorénavant on est totalement sûr qu’il n’est qu’un Yes-man comme tant d’autres ! Restent les interprètes qui font de leur mieux, pour palier aux défaillances d'un scénario pantouflard et d'une mise en scène qui anéantit elle-même ses effets, en anticipant trop à l'avance la révélation de secrets important (dont un seul surprend réellement !). Un grand bravo pour la maestria d’Alan Rickman, qui rend justice au plus beau personnage de cette saga : depuis le début de la franchise, il est le seul qui sort du lot et qui est irréprochable à chaque prestation !! Bref, "Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé" est réellement un paradoxe à lui tout seul : d’un côté ses nouveaux développements et révélation sont intéressantes, mais finalement moins traités que les histoires de cœur de nos jeunes héros ; et de l’autre côté de nouvelles expérimentations esthétiques sont tentés mais cela n’aboutit qu’à nous faire saigner les yeux et vomir nos tripes. Le consternant David Yates et ses gros sabots de Yes-man débutant dynamite toute ambition artistique: inutile de se leurrer, les producteurs lui ont bien fait comprendre que la saga Harry Potter n’est plus qu’une machine à fric comme une autre. Cela m’attriste énormément car j’avais enfin accroché à l’univers du petit sorcier avant l’arrivée de Yates, et je ne vous cache pas que j’ai terriblement peur pour le dernier chapitre en sachant qu’il sera partagé en deux films et que c’est toujours Yates qui les réalisera ! On est forcément inquiet pour la suite. RIP Harry Potter ? L’avenir nous le dira.