En général, ce film est le moins apprécié de la saga,et je comprends pas trop pourquoi. Je déteste ce qu'a fait Yates sur les autres films de la saga qu'il a réalisés (encore que, le 5 est pas si mal), mais là je le trouve bon.
Pour commencer, je n'aime pas les livres.
J'ai relu le 4 récemment et j'ai été surpris de voir à quel point j'en avais rien à faire de la mort de Cédric tant c'est mal écrit et trop vite raconté.
Tolkien sait créer un univers, lui donner de la poésie, le décrire, le rendre cohérent. Le Seigneur des Anneaux est souvent associé à de la littérature jeunesse mais c'est un livre pour adulte, qui ne peut que tomber des mains d'un enfant de l'âge des lecteurs de Rowling et même plus pour certains. C'est de la grande littérature anglaise, une fresque mythologique écrite par un philologue de génie. Bref, si vous voulez lire autre chose que des produits de consommation, qui se lisent en trois jours malgré le nombre important de pages, lisez Tolkien, pas Rowling.
J'explique ça pour dire que je m'en fiche totalement que David Yates ait coupé des passages importants et qu'on n'ait pas beaucoup d'explications sur le Prince de Sang-Mêlé. Ce film s'intéresse à ses personnages, et c'est pratiquement le seul de la saga à le faire correctement avec le 3. Chez Columbus, ils ne font qu'expliquer le scénario, chez Newell, les coupures par rapport au livre sont forcées et les interactions n'ont parfois aucun sens,
comme quand Harry et Ron se disputent sans raison et se réconcilient de façon tout aussi artificielle
, le 5 ne se pose presque jamais et va trop vite (c'est le plus court de la saga, là où le livre qu'il adapte est le plus long), et le 7 se pose deux ou trois fois, mais ne fait que montrer des personnages déprimés dont le comportement est influencé par des objets magiques. On ne voit jamais leurs interactions au quotidien, leurs problèmes de couple, le stress avant un match de sport devant toute l'école, comment il s'entendent avec leurs profs avec qui ils passent toute l'année (j'entends par là leurs profs normaux, pas Dark le Sombre (qui, je pense, fait bien plus peur à la majorité des gens que Voldemort)).
Dans Harry Potter 6, on a enfin tout ça. Les personnages sont vrais. Harry s'autorise des petites vannes pour provoquer sa pote Hermione ("Elle s'intéresse à toi uniquement parce qu'elle pense tu es l'élu ! - Mais je suis l'élu !" [le frappe avec un livre]). Slughorn est juste génial et la scène ou il parle de son poisson Francis est à la fois drôle et touchante, et inédite par rapport au livre, qui amène la discussion plus maladroitement et montre un Harry violent envers son prof. Ce qui marche parfaitement, c'est ce contraste entre cette insouciance et l'atmosphère extrêmement pesante du film. On a certes Ron qui est très drôle à admirer la lune à cause d'un filtre d'amour, ou Rose et Hermione qui s'engueulent dans l'infirmerie, mais par dessus, on a toujours ce filtre sépia, cette image terne qui rappelle que le Seigneur Sombre se prépare. On alterne des scène de goûtés avec celles où Malfoy, perdu,
essaie de faire venir les mangemorts à Hogwarts
. On a donc dans ce film, le meilleur traitement du personnage de Draco qui est enfin autre chose qu'un camarde de classe qui s'acharne sur les plus faibles, le meilleur traitement de Dumbledore (jamais son lien avec Harry n'a été aussi fort que dans ce film
et la scène où il provoque un tourbillon de flammes est magnifique
(au passage, le film a l'une des meilleurs BO de la saga)), le meilleur traitement du trio principal et des interactions qu'il peut y avoir dans ce groupe d'amis. Pour une fois dans la saga, on peut s'identifier. Pour une fois, Harry n'est pas vu comme une menace ou un héros par tout le reste de l'école. Il agit de son côté et aux yeux de tout le monde, c'est un élève normal.
Enfin, je n'ai jamais aimé la magie dans cette saga, car elle est beaucoup trop présente et n'a pas d'autre intérêt que d'être de la magie. Ce n'est pas comme chez Tolkien, où elle est relative à un savoir, à la technologie et même à l'industrie, à la volonté de dominer autrui et au pouvoir. J. K. Rowling ne s'en sert pas pour tenir un propos en particulier (indirectement si, il y a tout le discours sur le racisme, sur la notion de "sang-pur", mais la magie en elle-même, ce sont que des gros éclairs qui sortent d'une baguette). Dans Star Wars, il y a toute une philosophie autour de la force, qu'on y adhère ou pas. Tout ça pour dire que ce que j'aime dans Harry Potter 6, c'est que la magie se fait discrète. Il y a toujours la pensine, deux ou trois sorts d'attaque, et la magnifique tempête de flammes de Dumbledore, mais ce n'est rien comparé au déluge d'effets spéciaux du 4 et même avec les autres films en général. Et dans ce sixième opus, il y un propos à travers la magie. Ce n'est pas juste pour faire joli ou éliminer un adversaire.
Felix Felicis par exemple, c'est pratiquement un palcebo. Ron réussit ce qu'il entreprend à partir du moment où il croit en avoir bu et Harry gagne surtout en assurance et en charisme, ce qui lui permet de persuader Slughorn. C'est plus une question de confiance en soi. Septum Sempra, c'est clairement la force et la colère de Harry qui lui échappent, et on peut imaginer à quel point il peut être mal après avoir pratiquement tué Draco. Parfois, on ne montre pas la magie, on la raconte, on en fait un récit poétique sur un pétale de fleur qui se change en poisson, qui lui-même disparaît du bocal à la mort de Lily Potter. C'est juste un moment touchant.
Bon après, il y a toujours le même souci de montage avec Yates : il manque clairement des plans, notamment dans les scènes d'action. Ça donne un côté accéléré un peu bizarre au film parfois, et c'est pareil dans tous les Harry Potter que Yates a réalisés.