Champagne (titre français « A l’américaine »), est un film muet d’Alfred Hitchcock sorti en 1928. L’histoire est celle d’une jeune femme, fille d’un milliardaire, totalement frivole, qui dilapide l’argent paternel en froufrous, ou en faisant couler en pleine mer l’avion privé de son père pour rejoindre son amant parti en croisière. L’insouciance n’est pas éternelle, et son père vient la retrouver sur Paris lui annoncer qu’ils sont ruinés.
S’ensuit alors le partage d’un taudis, et la jeune femme pleine de bonne volonté cuisine comme elle peut (c’est-à-dire mal), et part à la recherche d’un travail pour aider son père. Celle dont la fortune imposait le respect à ceux qui la servaient se voit alors reléguée au second plan dans un restaurant de palace où elle est recrutée pour ses gambettes, et se fait régulièrement rudoyée par le maître d’hôtel. Elle y retrouvera l’homme qui tentait de la séduire sur la croisière, et son ancien amoureux. Ce dernier ira chercher le père de la jeune femme, qui, voyant où en est réduit sa progéniture, lui révèlera avoir menti sur leur situation financière dans le but qu’elle soit lâchée par cet amant qu’il pensait vénal. En colère, la jeune femme retrouvera l’homme qui la courtisait pour l’accompagner aux Etats-Unis, mais elle retrouvera dans la cabine de son paquebot son amant et son père. La scène finale sera celle de la réconciliation et de l’accord du père pour qu’elle épouse celui qu’elle aimait (le séducteur se révélant finalement avoir juste été missionné pour la suivre et la détourner de cet amour).
Hitchcock se tente à quelques procédés intéressants, comme la caméra qui tangue sur certaines scènes de la croisière, ou l’image perçue par l’un des personnages à travers le fond du verre qu’il porte à sa bouche. L’humour est également toujours bien là : la superficialité de l’héroïne actée par le fait qu’elle rentre dans l’avion qui sombre pour récupérer ses affaires, ou se changeant sur le canot de sauvetage pour faire la meilleure impression en arrivant sur le paquebot, le maître d’hôtel gardant un sourire forcé alors qu’elle vient par vengeance de lui écraser le pied, sa palpation nasale pour se comparer à la secrétaire de son recruteur…
Champagne est une comédie, tout comme The Farmer’s wife sorti la même année, mais avec des moyens plus importants (reconstitution de différents décors, figurants et acteurs plus nombreux, quelques procédés techniques nouveaux chez le réalisateur…) et surtout un humour un peu moins grotesque et caricatural. Il se visionne sans déplaisir si on aime les films muets, sans demeurer pour autant inoubliable.