Que de bonheurs il nous aura donné, Chabrol, au fil d’une carrière aussi longue que dense. Petits films troussés à la va vite, mais avec du rythme, du mauvais esprit... Et grands films, (souvent avec Isabelle Huppert); Chabrol peut être un cinéaste de premier plan. Malheureusement, depuis quelque temps, il fait n’importe quoi –hélas, un n’importe quoi qui s’y croit.
Içi, Ludivine Sagnier est une petite allumeuse égocentrique, « folle amoureuse » d’un écrivain sexagénaire –disons qu’elle le veut comme un môme capricieux, un paquet de malabars au supermarché. Sauf à la fin où elle pleurniche un peu, expression unique: un large sourire qui se veut conquérant. Performance d’actrice : zéro. Mais elle est ravissante… Elle est désirée avec la même frénésie par le rejeton dégénéré, psychopathe d’une famille d’industriels lyonnais, Benoît Magimel grimaçant, mauvais comme un cochon, un acteur pourtant qui peut être excellent. Heureusement il y a le vieux vicieux, le sexa qui s’empresse d’entraîner sa nouvelle partenaire dans des boites échangistes select du vieux Lyon (là, on retrouve « notre » Chabrol), et ment à sa femme avec une exemplaire mauvaise foi : Berleand, extra. Il nous console du reste. Les personnages secondaires sont généralement bien, et on repère au passage quelques excellentes tables de la « capitale des Gaules ». Là, l’auteur n’a pas perdu la main.
Mais tout cela est inutile, on s’en fiche, on s’ennuie. C’est exactement cela : un film inutile. Tout est tellement convenu, mille fois vu…
Chabrol est génial lorsqu’il décrit la bourgeoisie de province. Ah, ces soupers fins, à l’Auberge du Grand Cerf, entre un notaire véreux, un assureur louche et un médecin plein de secrets inavouables….. Malheureusement, son truc maintenant semble être de s’attaquer à la très haute société, et là, il est à côté de la plaque. Il en donne une caricature grossière, attendue, donc donc pas drôle.
Chabrol, on se reprend ou on se consacre à temps plein aux joies de la table..