A 21 ans, John Landis a déjà été au service courrier d'un studio, réalisateur de seconde équipe, assistant réalisateur, cascadeur (dont un James Bond aux côtés de Rémy Julienne), a été major d'un concours diplômant de réalisateur (qui lui a ensuite été refusé, étant candidat libre, ce qui est interdit) et tourne son premier film (en réponse à ce diplôme arraché à ses mains). Le voilà donc parti avec un budget dérisoire (environ 60 000 dollars) pour tourner en douze jours sa version de L'Homme des cavernes, un film vieillot diffusé en triple-programme (1 dollar pour trois films, ça vous fait rêver, hein ?) au cinéma de quartier qui était alors la deuxième maison de John Landis. Sauf que le costume de singe, à Hollywood, coûte 275 000 dollars (ou 75 000 dollars en version "bas de gamme"), mais un truquiste a pitié de lui et le rencarde sur un apprenti de 19 ans qui est passé la veille déposer un CV : Rick Baker. Les deux jeunes s'entendent à merveilles, cuisent les moules et les latex dans le four familial de Rick, pour un total de 4000 dollars. John Landis se glisse donc dans la peau du gorille tueur, pour un tournage épuisant (coincé dans le costume en latex par 43°C et perdant 2 à 3 litres d'eau par jour), et termine heureux son nanar assumé... Sauf que personne n'en veut. Aucun studio ne veut diffuser Schlock, qui reste donc dans les cartons de Landis pendant deux ans, jusqu'à ce que Johnny Carson, le présentateur du Tonight Show de l'époque, le découvre avec un ami qui adore les nanars, et décide d'en assurer la sortie. De notre côté de l'écran, Landis réussit à nous embarquer dans son délire du gorille préhistorique psychopathe. Évidemment, on voit vite que le film n'a pas un budget extensible (les acteurs ont joué bénévolement), tout est en carton-pâte et les gags ne volent pas haut, avec des scènes longues (le speech du scientifique au début, la casse de la voiture, les scènes au cinéma qui se répètent, de même que le "lancer de bâton"). Mais à l'inverse on trouve des gags cocasses, comme le singe qui amène un enfant aux toilettes (et qui, quand le gamin le remercie, dodeline de la tête pour dire "Oh, c'est rien"), qui s'agace de ramener un bâton à une fille qui le prend pour un chien (on imagine vraiment le "Mais tiens !" qu'il crie intérieurement quand il lui remet le bâton), ou les flics très bêtes dans ce film (ils tirent sur leur chef et sifflotent ensuite pour "faire comme si" ce n'étaient pas eux, comme dans une BD). Le côté très cartoonesque du nanar plaira aux amateurs, en délaissant ceux qui n'y sont pas habitués, car son humour très "peau de banane" n'a pour but que de s'éclater dans le débile. On s'étonne quand même du joli nombre de figurants et acteurs qui ont pris part au film, d'habitude la première coupe sur le budget (d'autant plus si on ne les paye pas). Si l'on ne peut pas compter sur la qualité des accessoires (nanar fauché oblige), l'envie de faire rire est bien là, une bonne idée pour une séance de minuit !