Ce deuxième Benjamin Gates est une déception, du fait d’un scénario vraiment pas terrible et de simplisme crasse au-delà d’un coté policé peu agréable.
Le casting est blindé de stars, ca c’est sur. Est-ce convaincant ailleurs que sur le papier ? Et bien oui et non. D’un coté il y a du très solide, avec notamment l’enthousiasmant Ed Harris, qui écrase sans problème la concurrence. Charismatique, doté d’un personnage versatile mais qu’il parvient à rendre crédible malgré tout, il tire son épingle du jeu sans difficulté. Cage reprend son rôle avec visiblement de l’enthousiasme, mais il faut avouer qu’il a des tendances au surjeu, et qu’en fait il ne donne pas l’impression de vraiment cerner son personnage. Il part un peu dans tout les sens avec lui, et on finit par ne pas trop savoir qui est Gates dans tout cela. Diane Kruger a une présence honorable, mais sans plus, et le duo Mirren-Voight est inégal, se montrant parfois agaçant, d’autre fois sympathique. Quant à Keitel pas besoin de compter dessus, il est sous-utilisé. Reste sinon un Greenwood brillant en président (ses interventions sont vraiment cool et il aurait mérité plus de place), et Justin Bartha au milieu de tout cela ne se débrouille pas mal non plus, tendant aussi à surjouer par moment.
Le scénario est assez mauvais, il faut le dire. Terriblement alambiqué, il joue la carte des rebondissements constants mais ca finit par devenir du grand n’importe quoi. De plus à trop vouloir en faire ce métrage finit par gâcher ses atouts. Ainsi l’escale à Paris se limite à une discussion débile entre deux flics français et Cage sur fond de Tour Eiffel ! Pour un film d’aventure ca laisse songeur ! De plus il y a des invraisemblances absolument crasses, des facilités scénaristiques qui laissent pantois (Gates sait absolument toujours ce qu’il faut faire ; le méchant est tellement débile que c’est lui qui se charge de tourner la roue…). A cela s’ajoute une tendance à ne pas savoir sur quel pied danser. Indiana Jones ? Films plus enfantins ? Da Vinci Code ? Benjamin Gates semble vouloir piquer à tout les râteliers avec des pièges et des cascades style Indiana, des gags et quelques répliques très Club des 5, et des énigmes partout très Dan Brown. Le mélange pourrait faire rêver, mais non, comme je l’ai dit Gates décrypte tout en 30 secondes, les gags tombent généralement un peu à plat, et les cascades ne sont pas vraiment ébouriffantes pour un blockbuster de ce calibre.
Visuellement on ne peut nier un effort sur les décors, même s’il y a quelques ratés et le passage parisien en fait clairement parti. Le final est aussi décevant car quid de l’or ? N’était-ce pas une cité d’or qu’ils cherchaient, mais alors, il est où ? La photographie est correcte, mais sans plus. On sent un certain manque de personnalité de ce point de vue, avec un travail appliqué mais lisse, très classique. La mise en scène est signée d’un réalisateur plutôt moyen. Turteltaub ne semble pas vraiment maitrisé son affaire ici, s’avérant souvent brouillon dans les scènes d’action (même la course poursuite n’est pas faramineuse) et n’exploitant clairement pas assez le potentiel de ses décors. En fait il filme sans âme. Il faut un plan du Rushmore ? Et ben allé on filme un plan du Rushmore. On est à Paris ? Ben allez on balance un plan de la Tour Eiffel. Heureusement il sait se montrer nerveux et dynamique, et du coup il entretient bien le rythme. Reste la bande son. Elle est assez faiblarde, pourtant semble-t-il signée d’un gars qui a bossé sur des films d’action et qui dans mon souvenirs étaient pour certaines plutôt bonnes. Peut-être est-ce qu’elle est mal utilisée, mais même, je n’ai pas entendu un gros thème qui reste en mémoire, pour un blockbuster de ce calibre c’est un peu faible.
En conclusion qu’elles sont les soucis majeurs de ce deuxième Benjamin Gates ? L’histoire donc, totalement inconsistante, qui n’existe que par ses rebondissements à tire larigot mais qui relève de l’empilement incohérent. Le manque évident de personnalité du film, qui s’avère un produit consensuel, académique au possible, très prévisible aussi, et dans lequel on ne sent pas une équipe vraiment enthousiaste. J’ai hésité entre le 1.5 et le 2, mais je penche pour la première note, avec peut-être un peu de sévérité, mais le film était très doté, et le résultat ressemble quand même à un produit prémaché peu savoureux.