A la fin des années 40, Carol Reed, du pays de sa Royale Majesté, a été le temps du "Troisième Homme" et surtout de "Huit heures de sursis", perle trop injustement méconnue, un grand parmi les grands du cinéma britannique, avec les Powell, les Lean et les Hitchcock ; après ça a été inégal, malgré quelques oeuvres pas inintéressantes comme "Notre agent à La Havane" ou "L'Extase et l'Agonie", et avant aussi, sauf qu'avant on avait le plaisir de voir un futur (momentané !!!) grand montrer qu'il avait déjà quelques bons trucs pour être un grand (et inutile de préciser que c'était un sacré technicien !!!). Par exemple, "Week-end", 1938, avec la grande star féminine anglaise de l'époque, Margaret Lockwood...
L'histoire, un homme vient de perdre sa femme, décédée lors d'un accouchement. Une des infirmières de l’hôpital le laisse à regret seul dans son chagrin pour aller rejoindre son fiancé qui l'emmène en week-end dans une ville en bord de mer. Elle n'aura pas la tête à profiter de ces courtes vacances...
Voilà ce qui aurait pu donner un superbe film d'amour. Et quand le film est concentré sur cette intrigue, c'est grandiose. Le fraîchement veuf vagabondant dans les rues de Londres désertes, parce que tout le monde s'est barré en bord de mer, et ne peut pas s'empêcher de voir dans chaque lieu de la capitale un souvenir heureux avec son épouse, ou encore le personnage de Margaret Lockwood pensant à ce même veuf le regard vague sur la mer, la caméra descend pour filmer l'eau et remonte... sur le veuf sur un pont le regard vague sur la Tamise ; ça c'est du travail de grand cinéaste bien inspiré.
Dommage que cette intrigue soit encombrée par deux autres, pas ratées, loin de là mais qui seulement aurait eu une bien meilleure place dans un autre film avec celle comique des parents d'une famille nombreuse qui perdent à chaque fois une grosse et celle de la miss qui se présente à un concours. Ces deux autres intrigues empêchent la principale de vraiment bien développer. Il y avait vraiment très largement le potentiel pour faire tout un long-métrage avec cette seule intrigue principale.
Reste que le peu mais absolument remarquable qui montre le talent du cinéaste vaut largement le détour.