Tout commence bien. La réalisation, simple, directe, pose les bases. Un homme d'aujourd'hui, typique, model, ennuyé et solitaire, fatigué par le boulot, par le vide, par la vie. Puis soudain, une once d'épanouissement devant un joint que lui propose un pur inconnu au charme ravageur. Vu le titre, il serait idiot de croire que ce nouvel arrivant ne sera qu'un simple ami. Cet inconnu, c'est Hugh Jackman, le regard perçant et la dentition savoureuse, un manipulateur qui va faire croire au comptable blasé qu'une vie nouvelle s'offre à lui. Femmes et luxe, ses deux points faibles, sont vite rectifiés avec une avalanche de propositions et de décors alléchants. Et puis là, peu à peu, c'est le drame. Et c'est bien dans le peu à peu que le film s'emmêle. L'introduction est correcte, souvent ambigue et laissant le choix au spectateur d'imaginer la suite à partir de petits symboles ou d'accents visiblement intrus. Et en fait non. Ce qui suit sera un thriller psychologique tout ce qu'il y a de plus banal, avec un transfert identitaire, un épanouissement puis un réveil de la conscience qui montre que, sous le plaisir apparent, se cache l'enfer. Ewan McGregor, à moitié convaincant, le regard hébété et souvent léger, colle à son personnage de victime sans pour autant arriver à le propulser au-delà de sa simple apparence. Après s'être rendu compte du complot, de l'immixtion fatale du beau gosse dans sa vie bien huilée de triste comptable, "Manipulation" suit bien droit la ligne habituelle, sans oublier l'amourette gnangnan (qui gâche une bonne partie du film) et un double voire triple retournement final pour le moins interminable. Et même s'il n'y a rien d'irregardable, le scénario et la réalisation manquent énormément de densité pour convaincre un minimum. Reste donc Hugh Jackman, très classe, et un début aussi illusoire que la nouvelle vie du manipulé.