"The Dark Knight" reprend (à peu près) là où "Batman Begins" s'arrêtait. Gotham est toujours en proie à la criminalité et la corruption mais cette fois-ci, c'est un adversaire de taille qui vient se mesurer à Batman et un Gotham toujours rongé de l'intérieur.
Passé une superbe introduction rappelant "Heat" de Michael Mann, Christopher Nolan braque sa caméra sur Bruce Wayne et met en place l'opposition entre le bien, emmené par le trio Wayne/Batman, Rachel et Harvey Dent contre le mal, ici symbolisé par un Joker, personnage dangereux, cruel, fou, intelligent manipulateur et malin. C'est d'ailleurs là l'une des principales réussites de cette suite, avoir introduit un méchant mémorable, terrifiant et crédible ainsi que Dent, procureur qui veut aller au bout de sa quête, à savoir pacifier et nettoyer Gotham. Personnages réussis, que Nolan met bien en valeur, notamment un Joker dont chacune des apparitions est à glacer le sang et il arrive à donner de l'importance à tous, sans en sacrifier.
Les personnages servent un scénario intelligent et très bien écrit. Les péripéties sont bien pensées et nous emmènent dans divers chemins par moments totalement inattendus. Face au chaos et à l’anarchie, il met en place des personnages souhaitant ne pas tendre vers "La loi du plus fort" mais d'agir à travers la justice. Nolan rend ses dilemmes passionnant et propice à la réflexion autour de la frontière entre les différentes justices, l'ordre, la corruption, le symbole du héros face à la justice lorsque cette dernière est défaillante. Ici le danger vient en même temps de la pègre et de ses représentants mais aussi de l'intérieur et d'une société corrompue jusqu'à la moelle. C'est brillant et la force du film, c'est que ni la complexité du scénario, ni les personnages torturés ne viennent alourdir le récit, c'est toujours passionnant, Nolan sonde l'âme humaine, sa noirceur et ses intentions.
Mais au-delà de tout ça, ce qui impressionne, c'est la façon dont Nolan met en scène son film. Tension, rythme, mise en images, intensité, utilisation de la musique (excellente) ou encore direction d'acteurs, le britannique maîtrise tout de bout en bout et nous sert un film de plus en plus haletant avec de nombreuses scènes inoubliables dont un final majestueux. Le cadre réaliste est toujours superbement exploité, tout comme la noirceur qu'il donne à ses personnages et à la ville de Gotham.
Si le Joker est à ce point mémorable et réussi, c'est en partie grâce à la prestation d'Heath Ledger qui livre une composition intense, torturée et folle. À son image, ce sont surtout les seconds rôles qui se distinguent avec un Aaron Eckhart parfait en procureur qui ne lâche rien, Maggie Gyllenhaal qui reprend avec brio le personnage de Katie Holmes ainsi que Michael Caine, Gary Oldman ou encore Morgan Freeman qui répond toujours présent.
Une leçon de cinéma tout simplement. Nolan instaure tension, rythme et intensité sans sacrifier la profondeur où il sonde l'âme humaine, sa noirceur et pose les questions autour de la loi, la corruption et la justice, brillant.