Le Tambour fut la deuxième oeuvre de l'auteur Gunter Grass portée sur le grand écran, le premier étant Le Chat et la souris (Katz und Maus) en 1967. Ce dernier remporta en 1999 le prix Nobel de littérature, après une oeuvre suscitant régulièrement la polémique en Allemagne. Il fut en effet l'un des premiers écrivains d'après guerre à dénoncer la mauvaise conscience allemande, notamment dans Le Chat et la souris ou encore En crabe, qu'il qualifiait lui-même comme étant son "devoir de mémoire à retardement".
Depuis la parution de son roman Le Tambour en 1959, Günter Grass a reçu kyrielle de propositions pour adapter son oeuvre littéraire à l'écran. L'auteur les a toutes refusées car jugées trop partielles ou insuffisantes. Ce n'est qu'avec Volker Schlöndorff que Grass a trouvé un véritable interlocuteur, ce qu'il justifie de la façon suivante : "L'interlocuteur, en l'espèce, c'est celui qui me provoque par ses questions, qui entre dans le vif du sujet et qui, au cours de ce processus, me force à reprendre à bras le corps un ouvrage dont je me suis détaché."
Volker Schlöndorff a écrit plusieurs ébauches de scénarios, dont l'une où le récit se construit tout en flash-backs. Une autre encore s'articulait autour de deux films, le premier qui se déroule durant toute la Seconde Guerre Mondiale, le second qui aurait lieu pendant la période d'après-guerre, avec un autre acteur pour jouer le même héros.
A l'origine, le scénario original du Tambour avait été prévu pour que le personnage principal soit interprété par un nain. Volker Schlöndorff a même assisté à un congrès des hommes de petite taille pour y trouver celui qui tiendrait le rôle principal de son film. Mais c'est finalement le scénariste Jean-Claude Carrière qui suggéra qu'Oscar soit joué par un enfant.
Alors qu'il était empêtré dans des difficultés de production, Volker Schlöndorff a approché des distributeurs américains, dont United Artists, pour financer le film. Durant les négociations, il a été envisagé de transformer Le Tambour en film international et donc doté d'une distribution d'envergure. Les noms de Roman Polanski et de Dustin Hoffman ont circulé. En effet, ces deux acteurs de petite taille ont été un temps suggérés pour interpréter le personnage d'Oskar. Isabelle Adjani et Keith Carradine ont aussi été imaginés dans le rôle des parents d'Oskar. Schlöndorff a finalement décidé de rejeter l'hypothèse d'une version anglo-américaine, au profit d'acteurs polonais et allemands.
De l'aveu même de Volker Schlöndorff, Le Kid (1921) de Charles Chaplin l'a influencé durant son travail sur Le Tambour. "Toujours cette révolte de l'enfant contre le monde des grandes personnes", dira le réalisateur allemand.
Si ce n'est un rôle dans Legend de Ridley Scott, l'acteur d'origine suisse David Bennent, qui incarne Oskar dans Le Tambour, n'a plus jamais travaillé pour le cinéma. Celui-ci s'est entièrement consacré au théâtre, se produisant dans les plus grandes compagnies théâtrales européennes de ces vingt dernières années.
La comédienne anglo-polonaise Beata Pozniak a été vue dans de nombreux films où elle figure en tant que second rôle, notamment dans JFK d'Oliver Stone où elle joue l'épouse de Lee Harvey Oswald. Elle fit ses débuts dans ce film comme figurante, puisque le tournage du Tambour se déroulait juste en bas de chez elle.
Le Tambour est interdit de diffusion dans certaines contrées du Canada, en raison de sa description explicite de la sexualité des mineurs.
Le Tambour fit l'objet au milieu des années 90 d'une véritable chasse aux sorcières aux Etats-Unis. En raison d'une scène sexuellement explicite entre Oskar et une jeune femme, le film fut considéré comme de la pornographie infantile, et quiconque rentrait en possession du film sur tout le territoire américain pouvait être poursuivi en justice. La police d'Oklahoma City commença même à arrêter les possesseurs d'un enregistrement. Face à cette situation chaotique, une législation entra en vigueur : ceux qui possédaient déjà le film ne pouvaient faire l'objet de poursuites, contrairement à ceux qui cherchaient à se le procurer. Les choses se sont bien tassées depuis, le DVD du film étant aujourd'hui en vente libre aux États-Unis.
A l'époque, le distributeur a exigé que le film dure au maximum 2h15. Volker Schlöndorff s'est donc plié à cette condition. Si bien que le montage final du Tambour est sa director's cut. Néanmoins, le cinéaste a conservé les chutes des séquences qui n'ont pas été retenues pour la version sortie en salles. Près de trente ans après, alors que les pellicules en question étaient conservées dans un laboratoire, Schlöndorff s'est décidé à réorganiser son film. Ainsi, pour sa réédition en salles, Le Tambour a été restauré et présenté dans sa version longue, soit plus de 20 minutes supplémentaires, comprenant de nouvelles séquences mais aussi des scènes déjà existantes mais rallongées.
Le Tambour se vit décerner la Palme d'Or du 32e Festival de Cannes en 1979, ex aequo avec Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Il a également reçu l'Oscar du Meilleur film en Langue étrangère.
Sélectionné ou nommé dans de nombreux festivals internationaux, Le Tambour a toujours tout remporté : la Palme d'Or, l'Oscar du Meilleur film étranger... Seule une récompense lui a échappé : le César du Meilleur film étranger, décerné en 1979 à Manhattan de Woody Allen.