Palme dOr au Festival de Cannes, «Die Blechtrommel» (Allemagne, 1979) de Volker Schlöndorff est assurément luvre la plus connue du cinéaste. A juste raison car elle se présente comme son film le plus abouti, le plus singulier et le plus géniale. Différent de «Der Junge Törless» (Allemagne, 1966), là où le premier film de Schlöndorff pontaient sur laspect réflexif du nazisme non sans bénéficier dune réflexion philosophique charpentée, ici le réalisateur mise sur une écorce visionnaire, onirique voire carrément fabuleux. Emprunt de plans ployé, tordu, venant filtrer linstant pour nen capturer que la fable. Ainsi si la période dans laquelle se déroule le film, ascension et décadence du nazisme, encadré par un prologue ambitieux de nous introduire expéditivement dans lunivers, et une conclusion en brèche, le film nous illustre, plus quil ne nous narre, lhistoire dOskar, un enfant qui à lage de trois ans a décidé de ne plus grandeur. Lenfant, lâme galvadeuse illustrée par un tambour, va grandir, laspect immuable, et vivre ainsi les méchefs de lAllemagne. Schlöndorff pétri son film dune musique inusité, fait de sons curieux, le tout tantôt accompagné par les battements rythmiques du tambour dOskar. «Die Blechtrommel» est un fantasme féru sur lAllemagne nazie. Un rassemblement de nazi se transforme en valse de Strauss, lironie perce avec virulence la bêtise des nazis comme par exemple le père dOskar qui change laffiche de Beethoven par celle dHitler pour inverser le geste in fine. La magie qui se dégage du film nétançonne jamais lidéologie hitlerienne (ce qui serait étonnant de la part de Schlöndorff), elle en prend même le parti adverse, celui des minorités fabuleuses, des «freaks» vivants. Bref, doté dune forme qui a assurément influencé Jeunet pour son «
Amélie Poulain» (France, 2001), «Die Blechtrommel» est un pamphlet anti-nazi subtil en ça quil donne la parole aux petits gens, tant par la taille que par limportance. Un chef duvre.