Lors de sa sortie, "Anaconda" avait bénéficié d’une promo tapageuse. Mettre en scène des anacondas géants se voulait spectaculaire, et on peut saluer l’idée. Le public ne pouvait que frissonner devant un des animaux qui le rebute le plus. Pour cela, l’implantation du concept s’est faite en plein milieu de l’Amazonie, reconnue pour être une terre hostile, et plus particulièrement pour les humains non originaires de cette contrée. Si on part sur une note moyenne de 2,5, voilà un bon demi-point à mettre à l’actif de ce film. Partant du principe que l’Amazonie est un lieu inquiétant à bien des égards, la musique a été employée à grands seaux afin d’augmenter le stress du spectateur. Force est d’avouer que c’est réussi. Oui, elle est stressante, mais pas dans le bon sens du terme : elle est tellement omniprésente qu’elle se fait quelque fois bien bruyante, et donc agaçante. Donc hop : un demi-point de moins et voilà la note revenue au point de départ. Revenons aux vraies stars du film : les reptiles. A l’image de Steven Spielberg qui avait quelque peu grossi son grand requin blanc pour "Les dents de la mer", ici on a agrandi démesurément l’un des plus gros reptiles du monde. Personnellement, j’ai trouvé que ces reptiles élevés aux anabolisants étaient franchement exagérés, mais pourquoi pas après tout ? Mais doter ce genre d’animal d’une certaine intelligence, digne d’un tueur en série totalement psychopathe, je trouve que c’est un peu n’importe quoi. Je m’explique : on voit à plusieurs reprises ces reptiles relâcher ses proies fraîchement tuées, et va même jusqu’à les recracher ! Un non-sens. Allez, hop, j’enlève un demi-point, et voilà "Anaconda" à 2/5. Et ce n’est pas fini : car ce reptile vorace a été doté d’un cri, alors que sa seule sonorité est le "tsss" produit par sa langue fourchue. On le saurait si le serpent avait un cri… Sur certains plans, on voit même que le reptile est totalement dépourvu de cette langue, puisque la priorité a été donnée au grand écart de ses mandibules. Alors là, j’applique encore une sanction : un demi-point de moins en plus. Nous voilà plus qu’à 1,5/5. Venons-en au casting, dont certaines têtes sont loin d’être inconnues. Malgré leur relative notoriété, les comédiens nous servent une bien piètre interprétation. J’enlève un demi-point supplémentaire rien que pour ça. La note baisse irrémédiablement, rendue désormais à 1/5. Seul Jon Voight tire son épingle du jeu, tant il parvient à retranscrire le côté noir de son personnage. Certains pourraient dire que c’est limite caricatural, mais moi je dis que parfois les gens ont la gueule de l’emploi. Tant et si bien que c’est lui et lui seul qui partage la vedette avec les reptiles. J’accorde donc un demi-point. "Anaconda" revient donc à 1,5/5. A cela on rajoute des incohérences. Je ne vais pas toutes les citer, quoique j’ai commencé à en parler avec ce reptile qui recrache ses proies alors qu’il vient juste de les avaler. Une des plus énormes est celle où le Dr Steven Cale gobe par mégarde une guêpe venimeuse, mortelle. Outre l’aspect de l’insecte (ressemblant plus à un genre de scarabée), le Dr est en plongée, sous bouteille d’oxygène, et détendeur dans le bec. Alors certaines mauvaises têtes pensantes diront que l’animal était posé sur le détendeur avant d’être mis en place. Oui, pourquoi pas ? Mais dans ce cas, l’auto-défense de cette guêpe n’aurait pas été si longue à venir. Quand de tels nuisibles se sentent pris au piège, ils ne tardent pas à réagir. Donc j’enlève à nouveau un demi-point de plus. Quant aux décors, ils sont superbes, et nous permettent de voyager, quoique on aurait aimé en voir davantage. Quoiqu’il en soit, ils montrent bien la dangerosité du milieu. Je redonne donc un demi-point pour en arriver à une note finale de 1,5/5, ce qui me situe pile-poil dans la moyenne donnée par les internautes. Pour un film du genre, "Anaconda" ne réussit pas à diaboliser le reptile comme les requins l’ont été avec "Les dents de la mer". La faute en partie à une mise en scène qui, bien que correcte, est très académique, en tout cas très classique, et qui n’offre jamais de réelle surprise.