Un générique long, écran entièrement noir. Comme pour mieux nous emporter. Première partie, années 60 (?) dans un hôpital de campagne, une jeune femme médecin ne répond pas aux avances d'un collègue, et se souvient de son histoire avec un fleuriste. Deuxième partie, aujourd'hui à Bangkok, la même jeune femme, le même amoureux timide, et un autre homme, qui va rejoindre sa fiancée à la campagne. Mais tout ça n'est qu'une trame, un fil, car le récit va adopter une structure narrative que je n'avais jamais vu jusque là, nous faire connaitre des personnages lunaires et poétiques (un moine qui rêvait d'être DJ, un dentiste chanteur de charme, une hématologue portée sur la bouteille), nous ballader...Plus on avance, plus le film devient complètement planant et se détache de l'histoire originelle : musique atmosphérique, plans hyper lents et métaphoriques (un zoom de 2'30 chrono sur une bouche d'aération comme un trou noir aspirant des fumées blanchâtres, plan complètement hypnotique...la mort ?), sensualité de plus en plus sous-jacente. Fascinant voyage qui se termine par une séquence incroyable dans une rue de Bangkok.
Il faudrait voir ce film plusieurs fois tant il est rempli, truffé, de symboles, métaphores, sens cachés...mais sa grande force est qu'on peut aussi se laisser porter, ne pas tous les décoder et se sentir incroyablement bien à sa vision. La musique, la mise en scène, le cadre vous happe littéralement dans l'écran. Un peu comme dans le splendide "Be with me", ici on parle peu, bas, le récit se passe souvent des mots. Mystique, poétique, incroyablement gracieux, "Syndromes..." n'explique rien, et c'est ce qui en fait tout le prix . A la fois évident et délicieusement incompréhensible, ce film est d'une beauté absolue.