.....Qu'est ce que je viens de regarder là ??! Non mais sérieux, je sort à peine du visionnage sans comprendre vraiment la nature du film que je viens de voir. Si Miyazaki et les studios Ghibli forment l'arbre s'imposant au dessus de tous les autres dans la vaste forêt qu'est la japanimation (n'excluant pas pour autant les quelques pousses que sont les réalisateurs de renom comme Mamoru Hosoda) il n'est pourtant pas le seul à produire de petites pépites car en cherchant bien, on trouve quelques bonnes surprises en la matière comme "Paprika". Sorti en 2006 et réalisé par Satoshi Kon (malheureusement décédé 4 ans plus tard, RIP), loin de la poésie écologique pleine de vie des classiques de renom à l'image de Nausicaä, Mononoké ou le Château dans le ciel, Paprika nous plonge dans le Japon contemporain quelques années dans le futur où l'invention de machines (les DC Mini) semblables à des casques dotés d'électrodes permet aux hommes de pénétrer et circuler librement dans les rêves d'autrui. Alors que l'usage des machines était réservé à des usages scientifiques psycho-neurologiques, elles sont un jour volées par un mystérieux terroriste à des fins bien moins réjouissantes. Le jeune inventeur de ses gadgets, Tokita, son assistante le Dr Atsuko Chiba, le vieux savant Shima et la commissaire Konakawa décident de mener l'enquête à leur façon...mais face à un danger n'étant autre que l'imagination elle même, ils auront vite besoin de l'aide de la mystérieuse Paprika. Voilà pour le pitch global. Et qu'est ce qu'on peu en dire ? ...Le grand n'importe quoi, ouais c'est le premier mot qui me vient à l'esprit: "n'importe quoi !" C'est à la fois aussi génial que bizarre et dérangeant, aussi bien attirant que complètement déstabilisant. Clairement avec Paprika, Satoshi Kon plante directement son décor, nous n'avons pas ici à faire à une visite guidée pleine d'aventure et de magie à la Vice Versa de chez Pixar mais à un véritable thriller policier camouflé sous les traits d'un film d'animation. A partir de là en découle un scénario typique avec son lot de révélations et de rebondissement avec des découverte et de lourds secrets. Et si c'est un rêve ce n'est clairement pas le monde tout joyeux de Oui Oui and co qui vous attends derrières les barrières de l'inconscient mais des rêves sans queue ni têtes qui n'hésite pas à vaciller dans le trip cauchemardesque wtf japonais. Mais c'est finalement sur l'immense inventivité de la chose que repose le problème, il faut pas chercher très loin le film se veut tellement complexe qu'il finit malheureusement par nous perdre assez vite; on ne sait plus si l'on est dans le monde onirique ou dans la réalité, tout devient floue et on a du mal à faire les liens sur quel personnage est dans quel lieux ?
L'univers des rêves est brouillons (j'imagine que Kon a voulu en donné une représentation abstraite réaliste par rapport à l'image que l'on en a) mais malgré cette intention de vouloir rester terre à terre avec la science et la santé psychologique, cet univers ne possède aucune vrai épaisseur ni repaires particuliers (ça aurait peut être été mieux d'avoir à faire à un véritable monde mental, un peu comme celui du jeu vidéo Oz dans "Summer Wars d'Hosoda). Le scénario n'est pas suffisamment varié en terme de péripéties, ça va des fois un peu trop vite et tourne toujours autour du même "système narratif" rêve/réalité alternés. Les personnages sont surtout mit en avant d'un point de vue psychologique, le reproche qu'on peu faire est en conséquent évident, ils sont trop délaissés dans leur personnalité.
l'héroïne, Paprika est mystérieuse et fort intrigante, une sorte de fantôme, de spectre pouvant traverser le monde onirique.
Il s'agit en fait d'une sorte d'avatar de Chiba, prenant la relève lorsque la vraie est en sommeil,
un concept limite à la avatar mais on en vient à se demander
pourquoi Chiba serait elle la seule à posséder un corps pouvant voyager dans l'esprit ?
J'ai pas trouvé ça logique. Outre ça, Paprika demeure un film d'animation très intéressant, touchant à des questions métaphysique sur le corps et l'âme par l'intermédiaire de son postulat de base, des problématiques sur le rêve et l'inconscient humain: Peut on contrôler les rêves ? Les rêves sont ils accessibles via le pouvoir de la science ? Quels seraient les danger d'un tel progrès ?
L'ensemble étant pertinemment associé tout du long à internet et au cinéma, outils aux possibilités débordantes et où l'imagination n'a plus de limite. Tout ça nous amène à bien réfléchir passé la fin du film. Bref, j'en ai assez dit, en définitif, Paprika est une oeuvre de la japanimation tout à fais intéressante amenant une réflexion d'une grande pertinence sur le contrôle des rêves sur fond de thriller à l'ambiance inquiétante et assez glauque, juste que ça manque encore un peu d'épice dans le mélange^^. Stoshi Kon n'est pas au niveau d'un Miyzaki ni même d'un Hosoda mais on aurait tord de ne pas s'intéressé à sa filmographie.