Un film que j'avais à voir pour mes études, chose faite. Je m'attendais à aimer, mais pas de cette manière. Les premières images sont surprenantes, la musique arrive tardivement dans le générique et on filme un train dans une gare, sur fond de vacances. Diverses incrustes nous évoquent ces vacances de citadins qui partent à la campagne. Car le film jouent sur des oppositions et des paradoxes, la campagne contre la ville : le calme, la sobriété et la quiétude contre l'agitation, la démesure, la violence, l'hypocrisie, la débauche de la ville. Pourtant, la partie citadine du film est comique, légère, tandis que les parties campagnardes qui l'encadrent sont très sombre et souvent pessimistes. La vision de l'homme et de la femme, et du couple, donnée est quasi biblique par instants, et le film est une lutte du bien contre le mal, du conscient contre l'inconscient, des sentiments et de la volonté. Les décors empreints d'expressionnisme et le jeu d'acteurs parfois appuyé servent ce film muet à la bande son originale: un thème classique pesant, puis émouvant ou léger, saupoudré de bruitages accompagnant les images du film : cloches, foule, voiture, tout est bon pour rendre l'atmosphère bruyante de la ville, ou monotone de la campagne. Les plans sont méticuleux, comme ce plan séquence, long travelling suivant la femme de la ville qui va tenter l'homme marié à quitter sa femme. Les personnages sont anonymes, ils sont tout le monde, le lieu n'est pas précisé, même s'il ressemble fort à l'Amérique (qu'il est), et l'époque, en pleines années folles, n'est qu'un moyen de montrer l'ambiance des citadins et leurs visions de la province (cf scène de danse à Lune Park).
Une œuvre magique, visionnaire.