Quand on voit Hostel 2 pour la première fois, on se demande quand même quand est-ce que ça commence. On se demande aussi si ce qu'on a vu a un intérêt. Et puis, on se dit que Hostel 2, c'est comme Hostel sauf que les gars du premier ont maintenant une paire de loches. Détail d'importance, puisque les protagonistes ne seront plus menés dans leurs décisions par leur bas-ventre, resserrant le commentaire initial sur la vision des hommes sur les femmes, dans la société, dans le cinéma - du féminisme pur et dur dans un métrage qui pue la testostérone sur l'affiche.
On pourrait se dire piégé par la publicité tapageuse et racoleuse de Roth et de son VRP Tarantino, et c'est vrai, mais le traquenard devrait nous faire réfléchir plutôt que nous décevoir plus que de raison. On avait annoncé le plus grand massacre, la plus grande débauche de tortures, jamais vus sur un écran pour Hostel ? On n'a rien eu de tout cela. On a annoncé pire encore pour Hostel 2 ? A quoi fallait-il s'attendre ? à ce que cela soit effectif ? Bien sûr que non, car Roth ne fait pas, qu'on se le dise, dans l’équarrissage déshumanisé à la Saw, alors que le public comme les critiques ont un peu vite réuni les deux «sagas» dans le même panier de têtes arrachées.
Cet Hostel, comme son nom l'indique (part 2), fait figure de second élément d'un diptyque qui fonctionne comme un miroir - la thématique de l'oeil imprégnant le premier film. Ici, nous aurons droit au reflet quasi inversé du premier opus : si la structure est sensiblement la même, la différence se fait au niveau des personnages, des filles au lieu de mecs. Je vous vois venir, point de vue innovation, on a vu mieux depuis l'invention de la machine à courber les bananes. Sauf que le public de ces films est principalement masculin, ce qui du coup met du plomb dans l'aile de l'identification aux héro(ïne)s. De victime consentante et finalement mal à l'aise, le spectateur ne peut plus que se mettre dans la peau des tortionnaires cette fois. D'ailleurs, la présentation de l'intimité des deux compères de tortures renforce cet état de fait, et leur incarnation par des têtes d'affiche de la série Desperate Housewives participe au commentaire ironique de Roth.
Nouveau malaise donc, puisque l'on est soit mis à l'écart du projet - distanciation qui permet une meilleure réflexion autour du concept - soit dans les baskets de petits merdeux bourgeois de Pennsylvanie venus se venger d'une Bobonne castratrice sur de pauvres étudiantes même pas assez idiotes ou jolies pour qu'on puisse réellement souhaiter leur mort. Roth choisit ici de mettre en avant la Femme, suivant le petit bout de chemin tracé par le pygmalion Quentin, allant jusqu'à émasculer un des tortionnaires, et vraiment, j'en ai encore des suées qui me courent le long de l'échine.
Alors oui, on dira qu'on se fait grave chier jusqu'au premier meurtre (en soi, très joli, mais très dégueu), mais uniquement en tant que mâle en mal de sensations fortes ne s'attend pas à une réflexion sur les rapports entre les deux sexes dans un film estampillé «je-vais-t'étriper-pétasse-et-ça-fera-marrer-toute-la-salle». Roth avait renvoyé au Ricain moyen une image pas très flatteuse, il enfonce le clou en le renvoyant encore une fois à une autre forme d'animalité qui prend sa source dans la sexualité.
Les Hostel, c'est comme une boîte de Pandore : c'est moche, ça ne présente aucun intérêt, a priori, mais une fois ouverte, elle recèle des secrets qui lui donnent toute sa saveur.