J’ai longtemps cru, jusqu’alors, que Wes Anderson était britannique. Mais notre singulier réalisateur est américain, né à Houston, au Texas. Comment aurais-je pu l’imaginer d’une autre nationalité que britannique, tant il manie l’humour pince-sans-rire habituel des Anglais (et c’est, venant de moi, ce que j’estime être bien sûr, un compliment), mieux que personne ?
Mais aussi et surtout, et c’est une habitude chez Wes Anderson : une photographie réglée au millimètre, le sens du détail quasi chirurgical : la veste droite en velours côtelé de Mr. Fox, la fourrure des « marionnettes » ayant l’air si soyeuse, le vent dans la fourrure… Une merveille, un éblouissement visuel de chaque instant, exploit qu’il a su par ailleurs récidiver (en ce qui concerne du moins, les films que j’ai pour l’instant vus de ce réalisateur), dans « The Grand Budapest Hotel » (film en PVR, sorti en 2014), et bien entendu dans « L’ile aux chiens » en 2018. Il faut dire que la technique du stop-motion lui sied à merveille, tant il lui permet de travailler avec précision chaque détail, et dans laquelle il peut donner libre cours à sa créativité de manière artisanale.
Quasiment chacun des personnages possède une tare, un défaut : Mr. Fox ne peut s’empêcher de voler aux humains des poules et du cidre, il est désinvolte et a la tête dure, mais il est également quelque peu prétentieux ; Ash est jaloux de Kristofferson, impulsif ; le blaireau, complice « forcé » de Mr. Fox, ne s’impose jamais face à ce dernier, et semble partir on ne sait où lorsqu’on lui explique quelque chose (à voir ses yeux devenir psychédéliques)… Tous ces animaux sont imparfaits, tout comme nous autres êtres humains.
Même s’il s’agit d’animaux sauvages (Mr. Fox ne cessera d’ailleurs de le répéter tout au long du film, afin sans doute de se donner une excuse d’être un voleur de poules mettant sa famille et ses semblables en danger), ils ont les mêmes préoccupations familiales, professionnelles et morales qu’un être humain : gagner sa vie, devenir propriétaire, se sentir rejeté et jamais assez bien pour son père (Ash, le fils), la jalousie de ce dernier envers Kristofferson, le neveu, qui semble si parfait… Le pardon, la résilience, la rédemption, la confiance sont des valeurs abordées tout au long du film, des valeurs souvent mises à mal par l’instinct de l’animal sauvage, reprenant le dessus sur tout le reste.
« Fantastic Mr. Fox » est un film grouillant de détails aussi bien visuels que de clins d’œil à repérer pour les plus observateurs, de répliques bien senties et de dialogues piquants. Malgré tout, ma préférence va à « L’ile aux chiens », au propos plus « fin », plus nuancé et sans doute plus humaniste (à mon humble avis).
Mon analyse complète du film sur mon blog: reves-animes.com