Vingt-neuvième film d'Ozu, Coeur Capricieux met en avant un homme veuf, devant élever seul son fils, qui va voir sa vie chamboulée lorsqu'il rencontrera une femme plus jeune et en tombera amoureux...
Débutant avec un très bon gag, Ozu rentre peu à peu dans le vif du sujet et met en place le contexte de l'histoire avec un quartier pauvre et des personnages qui le sont tout autant. C'est surtout sur les relations que vont entretenir le père et le fils qu'Ozu se concentre, et il arrive à en tirer de l'émotion et surtout un attachement. Au milieu d'un monde rude et difficile, il met en avant les qualités humaines, mais aussi les problèmes, de chacun et dresse, avec tendresse et finesse, des portraits de personnages intéressants.
Néanmoins, je dois bien reconnaître qu'Ozu m'a déçu sur certains points. Si son oeuvre est remplie d'humanisme, c'est parfois un peu trop surligné, tandis que la gestion du récit m'a parfois laissé un peu perplexe. La force d'un grand auteur, c'est aussi de faire passer les sentiments et les émotions à travers de simples gestes ou un regard, ce qu'il fait parfois ici mais Coeur Capricieux a quand même tendance à multiplier les intertitres et les dialogues, qui ne m'ont pas toujours semblé utiles, au contraire tant certains apportent même quelques longueurs.
C'est vraiment dommage car excepté cela, c'est vraiment une oeuvre attachante qu'il nous offre et, au cœur de ces relations père-fils ainsi que le contexte social baignant dans la pauvreté, il arrive à y inclure quelques touches de légèretés qui marchent à merveille. Il met aussi en avant certaines qualités humaines comme la solidarité et ce, malgré un univers rude, ainsi que la dignité et l'image que l'on renvoie de soi-même, donnant même quelques scènes touchantes/difficiles, à l'image de celle où le père doit reconnaître ses faiblesses. Derrière la caméra, il se montre assez élégant et surtout efficace tandis que Takeshi Sakamoto apporte justesse à son rôle de père solitaire et Tomio Aoki est génial en gamin têtu, malin et attachant.
Bien qu'imparfait, notamment dans sa gestion des dialogues et de l'émotion, Coeur Capricieux n'en reste pas moins une oeuvre attachante où Ozu aborde l'humanisme et tout simplement la vie et l'humain à travers un habile mélange de drame et d'humour.