Comme Woody Allen avec New-York, Cédric Klapisch aimerait qu'on associe son nom et ses films à sa ville, Paris, qu'il a souvent filmée et qu'il place ici au centre de son film. La sincérité en moins. Car si Woody Allen sublime la ville qu'il aime, il semble que Klapisch essaye de créer de toutes pièces un mythe entre lui et la ville lumière. Faire "Comme du Allen", ça ne marche pas.
Pourtant l'idée de départ aurait pu être bonne. Romain Duris est même assez sympathique (au premier sens du terme, le partage de sa douleur) en mourant qui essaye tant bien que mal de ne pas perdre les pédales, mais autour, rien ne tourne rond. Fabrice Luchini n'est qu'une pâle parodie de lui-même en professeur très bobo qui tombe amoureux d'une de ses étudiantes et s'imagine qu'il pourrait vivre l'histoire du siècle. Aucune possibilité pour nous, spectateurs, de ressentir quelconque forme d'amitié pour lui. (et pourtant, j'aime bien Luchini, d'une manière générale.)
Bon, Klapisch filme bien Paris, mais dans un style tellement classique, entendu, que c'est l'effet inverse de celui voulu qui finit par arriver : l'effet carte postale. Et bien entendu, comme dans les cartes postales, ce sont les clichés ( Beaucoup de cinéastes devraient se contenter de raconter des histoires plutôt que de s'essayer à faire de la philosophie ou de la sociologie) qui prennent le dessus sur le reste, alors le film s'enfonce dans la parodie d'une parodie d'un certain cinéma français (nouvelle vague en tête) qui, pour le coup, avait des choses à dire et le disait avec style.
Point d'orgue du film : la scène où des ouvriers font visiter leur lieu de travail à des call-girls d'Europe de L'est, sorte de Belle et la bête du cinéma social, et là, on ne frôle plus le ridicule, on plonge dedans. Comme dans "Ma part du gâteau", à force de vouloir se la jouer proche des idéaux du peuple et des ouvriers (pour emprunter au langage bobo), Klapisch tombe presque dans l'anti-social, et c'est impardonnable.
Paris, c'est donc Manhattan en moins inspiré, Pierrot le fou sans l'explosion visuelle et Octobre sans le vrai fond politique. En un mot, c'est raté.