Ce film aurait pu s'appelé : "Les Parisiens 2 : le retour ", afin de pouvoir assurer une continuité thématique avec le film homonyme catastrophique de Claude Lelouch, sorti il quelques années plus tôt. C'est clairement comme ceci que le film aurait du s'appeler tellement il y a de points communs entre les deux films, à commencé par une ambition humaniste lourdingue et une compilation de destins tragi-comiques se cessant de se croiser au sein de la ville lumière. La grande différence résident dans le genre des deux oeuvres, sentimentalo-mystique chez Lelouch, chronique douce amère pour Klapisch... Enfin bref, voilà que débarquent à l'écran une nouvelle troupe de personnages qui, à défaut de chercher leur chats, cherche l'amour le plus souvent, un soutien psychologique, une aventure sexuelle ou tout simplement un toit... Pour cela, Klapisch a fait appel à des visages presque tous connus et étire son film sur plus de deux heures.
D'emblée, ce qui pose problème, c'est ce scénario trop généreux qui a pour projet d'embrasser toutes les classes sociales à travers des personnages emblématiques sauf qu'au fur et à mesure que le film avance, ce qui intéresse Klapisch c'est à l'évidence un noyau dur (le duo frère/soeur Duris-Binoche), une petite ébauche de couple secondaire (Fabrice Luchini - Mélanie Laurent ) et la bande de Rungis avec entre autres, Julie Ferrier et Gilles Lellouche, (qui n’est pas le fils de Claude, hé hé !! ). Tous les autres sont plus ou moins sacrifiés ou servent de remplissage sans saveur (François Cluzet et ses rêves en 3D, Karin Viard en boulangère snob, Albert Dupontel en veuf éploré ...) sans compter le S.D.F. et les africains sans papiers, inexistants. Du coup, dans la deuxième heure du film, la fin approchant, Klapish est obligé soit de bâcler (Binoche et Dupontel qui concluent en un éclair) soit de laisser en plan les gens (Cluzet, Luchini...) ou de les abandonner à leur destin (Romain Duris finit par prendre un taxi, quelle audace !!), dans tous les cas, bonjour les ellipses !! Si seulement la direction d'acteurs était irréprochable, ça remonterait le niveau, mais là c’est pareil, Klapisch focalise essentiellement sur Romain Duris et Juliette Binoche, leur faisant jouer une partition émouvante, mais, à l’inverse, il ne sait pas quoi faire de Luchini, qui se croit comme à la télé...Quant à Mélanie Laurent, elle a une belle petite bouille mais n'a pas grand chose à faire...C'est plus triste pour Cluzet dont je n'ai pas compris du tout les états d'âmes et le surjeu (la scène du cimetière...), quand à Karin Viard, elle est si énorme qu'elle ferait passer madame de Fontenay pour une rappeuse !
Au milieu de tout çà, il y a bien quelques moments sympas ou la justesse du regard vers l'autre fait mouche mais il manque vraiment un enjeu fort, quelque chose de fédérateur voire un vrai sentiment d'urgence pour nous accrocher au évènements. C'est pourquoi les rares fois ou la tension monte comme lors la scène du bar avec les gars de Rungis, on se dit que le film décolle enfin, avant, hélas, de retomber aussi vite et nous figer dans l'ennui. Quand à Paris, la ville, Klapisch la filme selon le point de vue de Romain Duris, perché tout là haut sur son balcon d'appart bobo : beaucoup de toits, de rues, de trottoir, mais aussi les cafés de La Sorbonne, les halles, pas ou peu de monuments ... Curieusement, en essayant d'éviter le côté carte postale, Klapish offre une notation poétique pleine d'ironie : c'est justement une carte de Notre Dame que l'africain résidant à Paris envoie à son frère en début de film et que ce dernier tient dans la main quand il débarque dans la capitale, essayant de comparer la vraie Notre Dame avec celle de la photo...De la à dire que "c'est mieux en vrai" , il n' y a qu'un pas que Klapish franchit allègrement et c'est finalement le vrai message du projet : Paris, c'est beaucoup mieux que le film !!