Je le dis d’emblée, je ne suis pas très James Bond.
Je n’ai vu que 4 James Bond au cinéma et suis ressorti à chaque fois peu emballé.
A la téloche, l’espion 007 n’est donc pas ma priorité. Je peux même m’en passer.
Puisque j’ai la possibilité de tous les voir, je vais me contraindre à parfaire ma culture 007.
D’où une naïveté parfois volontaire et sincère.
« Quantum of solace »
22ème volet signé Marc Forster.
J’avais bien aimé « Neverland » et « Les Cerfs-volants de Kaboul ». Etonné de le voir à la tête d’un James Bond que je n’avais jamais vu, soit 17 sur 22.
Le générique fait la part belle à James Bond qui évolue au gré de quelques femmes nues qui se confondent avec le sable ; sable du désert où ombres et lumières jouent sur les corps.
La scène du pré-générique nous montre un James Bond au volant de son Aston Martin poursuivi par les tueurs à la solde de Mister White et par la police italienne, certainement corrompue.
Le montage de cette poursuite est trop énergique, voire hystérique, ce qui la rend à peine lisible.
Une petite déception à laquelle la franchise ne nous avait pas habitué.
Maintenant Marc Forster s’essaie au film d’action et pense être dans le vrai en imposant un montage au cut vraiment too short !
Je n’ai pas envie d’être sévère avec ce nouvel opus qui fait suite à « Casino Royale ». Une suite directe car ce 22ème opus est dans la continuité du 21ème.
Mister White, après avoir été immobilisé d’une balle dans sa propriété par Bond dans les ultimes secondes de « Casino Royale »,
se retrouve balloté dans le coffre de l’Aston Martin de 007 pour être livré à M.
Un volet relativement court avec plusieurs scènes d’action assez spectaculaires.
Si je soustrais la scène pré-générique, les suivantes seront plus lisibles, la course poursuite entre Bond et Mitchell ; la course poursuite en moto et en bateau
duquel Bond enlève Camille des hommes du général Medrano
; la scène de l’avion poursuivi par un avion de chasse et un hélicoptère, la plus spectaculaire en ce qui me concerne ;
le combat expéditif de Bond dans l’ascenseur pour se débarrasser des hommes de M
; et enfin le final dans l’hôtel la Perla de las Dunas planté en plein désert bolivien.
Il y en a certainement d’autres que j’ai déjà oublié.
Le méchant de service est assuré par Mathieu Amalric, oui, oui, un frenchi dans la peau de Dominic Greene.
Il succède à Michael Lonsdale « Moonraker », à Louis Jourdan « Octopussy » et à Sophie Marceau « Le monde ne suffit pas ».
Par contre de tous les méchants français, je préfère Sophie Marceau pour l’ambiguïté et le développement de son personnage devant Michael Lonsdale.
Dominic Greene n’a rien de machiavélique. Il assure le cahier des charges, un méchant de service réduit au strict minimum. Dommage.
L’acteur Amalric défend honorablement son personnage. Il est ce que la production lui a demandé d'être.
Dominic Greene me renvoie à Gustav Grave « Meurs un autre jour » ; sous couvert d’humanisme, ces personnages sont de véritables criminels.
Par contre, contrairement à Gustav Grave, Dominic Greene ne sait pas se battre. ll se bat comme il peut, il n’a aucune technique de combat. C’est Bond qui s’est jeté sur lui alors qu’il fuyait.
En un premier temps, pris dans les griffe de 007, Greene se débat plus qu’il ne se bat ;
puis en un deuxième temps, il se saisit d’une hache et sa manière de se battre est non seulement hystérique mais désespérée.
D’où ces cris qui sont certainement des cris d’énergie de survie et qui accompagnent ses coups dans le vide.
Comme certains le feraient face à une bête fauve.
Bref, Mathieu Amalric remplit son rôle d’homme d’affaire impitoyable qui l’ouvre beaucoup plus qu’il n’agit.
Il a des hommes de mains pour ça.
Une scène le traduit bien : quand il s’enfuit de l’hôtel la Perla de las Dunas, il plante son homme de main au milieu d’une pièce pour le protéger de James Bond ; il s’applique à le positionner comme s’il était un moniteur qui dirige le corps d’un élève. Et s’enfuit.
Même si c’est encore un méchant de service classique, le fait qu’il ne sache pas se battre me paraît original.
Ça donne un côté naturel, un côté réaliste.
Les méchants ne sont pas tous obligés de se battre correctement.
Après tout, si on regarde bien, Goldfinger, Stromberg, Drax, par exemple, évitaient le corps à corps.
Il est vrai que ce « Quantum of solace » est bien en-dessous de « Casino Royale ». Ce dernier a placé la barre tellement haute.
Toutefois, ça reste un volet en cohérence avec le précédent. Il n’y a pas de rupture d’attitude pour l’agent 007 parce que ce 21ème volet est dans la continuité de « Casino Royale ».
James Bond est en proie à des tourments, la mort et la trahison de Vesper transpirent dans son comportement.
On le sent vulnérable et sombre.
Depuis que je découvre les James Bond, j’employais pour synonyme « épisode » pour « opus » et « saga », mais avec ces deux films de l’ère Daniel Graig, on peut vraiment parler d’épisodes tant ces deux opus s’apparentent à une série.
Si on retrouve M sous les traits de Judy Dench, on ne parle toujours pas de Moneypenny et de Q. Ce qui signifie : pas de gadget !
Oui, j’avais oublié de le relever dans « Casino Royale », ce nouveau James Bond se dépatouille sans gadget.
Ce qui ancre ses cascades et ses missions dans un certain réalisme.
On y revient !
Coté James Bond Girls : nous en avons deux.
Camille sous les traits de l’actrice Olga Kurylenko. Elle veut se venger de ses parents et de sa soeur assassinés.
Elle veut abattre le général Medrano.
Cela me renvoie à Melina Havelock (Carole Bouquet) qui voulait aussi venger la mort de ses parents « Rien que pour vos yeux ».
Camille a du répondant mais ne fait pas jeu égal avec Bond, sous des dehors de femme déterminée à se venger, elle se révèle fragile. Cependant, elle est plus qu’un faire-valoir.
Son personnage n’est pas à jeter.
Maintenant, faut-il que je reconsidère la James Bond Girl ?
En effet, Camille est la première Girl à ne pas rejoindre la couche de 007 !
Décidément ce reboot s’applique à revoir mes préjugés !
Par contre Gemma Arterton, agent Fields, elle correspond bien à l’esprit bondien. Elle ne fera pas long feu mais aura l’honneur de nous rappeler le mythique « Goldfinger » ;
elle finira sur un lit entièrement nue recouverte de pétrole.
Je comprends que l’on soit frustré ou déçu de ce 22ème volet après l’excellent « Casino Royale » mais ce « Quantum of solace » reste un épisode respectable avec sa dimension environnementale.
A noter : quand Mathis et M évoquent Vesper pour rendre hommage à son sacrifice ou pour relativiser sa trahison, j’avoue avoir le coeur touché.
Comme James Bond qui ne veut pas l’avouer.
Eva Green a vraiment bénéficié d’un très beau rôle. Vesper, même disparue, marque encore les esprits.
A voir en V.O si possible pour Mathieu Amalric et son anglais, moins aiguisé que la hache qu'il manipule !