Oulà, quel film brouillon que ce Quantum of Solace ! Premier James Bond que je regarde avec Craig, et je dois dire que l’impression n’est pas des meilleures !
Coté casting Craig n’est pas mauvais dans le rôle. Il a son style à lui, qui pourra déplaire certes, mais il se débrouille honnêtement sans être non plus le meilleur de la saga. Il a un certain charisme, mais son air continuellement fatigué dessert le personnage. A ses cotés Olga Kurylenko est très mignonne, certes, mais elle est loin d’être une James Bond girl mémorable. Elle est finalement assez fade, et son personnage est très basique, trop surement. Malgré sa courte apparition elle se fait voler la vedette par Gemma Arterton, doté d’un personnage plus original pour un James Bond. L’actrice en elle-même m’a agréablement surpris, même si, la pauvre, je continue de la voir dans des métrages sans grand intérêt ! Pour le reste le film propose un méchant joué par Mathieu Amalric. C’est clair qu’il est fait pour jouer un méchant, maintenant son personnage n’exploite pas l’acteur. Il a quelque chose de pervers, de vicieux, de machiavélique Amalric, et malheureusement ce ne sont pas du tout les aspects du personnage, qui s’avère peu réjouissant. Quelques seconds rôles (l’excellente Judi Dench, le solide Jerrey Wright, un Giancarlo Giannini convaincant) rattrape un peu l’affaire.
Le scénario est terriblement brouillon ! Qui fait quoi, pourquoi, qu’est ce qui se passe, bref, toutes les questions se précipitent et s’accumulent au fur et à mesure que le film avance. Alors certes c’est la suite de Casino Royale, aussi je ne juge pas toute l’intrigue avec Vesper Lynd qui apparait en arrière-plan du film, mais tout sonne comme si c’était une évidence ! Hors c’est loin d’être le cas. L’histoire est alambiquée, tortueuse, elle se passe dans le monde entier, les ellipses sont énormes, et au bout du compte l’impression est que ca sonne creux. Quantum of Solace reste en effet trop en surface, mélange beaucoup trop de chose pour pouvoir réellement creuser son intrigue (il y a le passé de Kurylenko qui ressurgit, le passage avec Arterton qui s’entrecroise, Bond qui retrouve des anciens…). Malgré l’action menée à très grand train certes, c’est décevant car Bond c’est quand même avant tout des méchants excentriques et des intrigues en avancent sur leur temps.
La mise en scène est atroce. Honnêtement je ne connaissais pas Marc Forster avant d’avoir vu ce film, mais là c’est indécent. C’est totalement illisible, avec des scènes d’action aux enchainements d’images si rapides que c’est incompréhensible. C’est haché, saccadé, et tellement véloce que l’on ne profite finalement de pas grand-chose. Par exemple la scène de course poursuite (celle à pied) sur le début est très intéressante, mais les actions des personnages dans l’épilogue de cette course poursuite s’enchainent si brutalement que l’œil humain a à peine le temps de savoir ce qui ce passe ! Les décors rattrapent l’affaire, même si compte tenu du budget c’était logique, et la photographie est assez raffinée. Quelques excès de luminosité dans les scènes désertiques ou caribéennes mais globalement c’est élégant et plaisant à regarder. Coté effets spéciaux c’est correct mais sans plus. Je me demande quand même un peu où est passé le budget, avec notamment une séquence avec un avion pas mauvaise, mais qui n’est pas parfaite (la fumée par exemple donne tout de même une forte impression d’ajout numérique). Reste des explosions globalement impressionnantes (mais pas meilleures que celle du bon vieux Blown Away, référence en la matière), et quelques cascades spectaculaires bien que très mal filmées. La bande son enfin n’est pas des plus réussis. La musique du générique est dans le ventre mou des James Bond, avec un thème répétitif et très quelconque, et des musiques qui, dans le métrage, sont peu mémorables. Le thème final rattrape l’affaire, mais on aurait aimé de l’inédit un peu plus racé.
Au bout du compte je ne cacherai pas ma déception sur un Quantum of Solace bien faible. Malgré un pharaonique budget, le résultat est loin de convaincre. Scénario brouillon, mise en scène épileptique et sans majesté, méchant principal sans singularité, aspect esthétique correct mais pas non plus dément par rapport au budget, musique faiblard. Ca fait beaucoup pour une grosse production. Reste heureusement un Daniel Craig plutôt bon, des seconds rôles efficaces, des scènes spectaculaires éparses de ci de là. Le bonus vient du joli minois de Gemma Arterton (ou de celui d’Olga mais je préfère quand même Gemma !), mais enfin, encore une fois, et en espérant que cela ne durera pas, je le vois dans un emballage trop faible.