Après le semi-échec du Hulk d'Ang Lee en 2003, voici donc un reboot, et non une suite. La dernière option aurait été plus logique, mais Avi Arad en a décidé autrement, tant la première adaptation a "déçu", si l'on peut dire. Car si au moment de sa sortie, Hulk avait déstabilisé avec un ton résolument sombre, le temps avait finalement réussi à le réévaluer. Mais comme le succès est désiré dès sa sortie et non sur la durée, la production en a décidé autrement. Exit donc Ang Lee et sa troupe (Eric Bana, Jennifer Connelly,...), et Welcome Louis Leterrier et les nouveaux. Malheureusement pour nous, le scénariste aussi a été remplacé. James Schamus -qui avait signé un script trop "poussé", il faut croire- laisse sa place à Zak Penn. Pourtant bon en co-scénariste de X men 2, il nous déçoit avec une histoire banale de poursuite. En gros, Bruce Banner a fui son pays, à la suite d'une expérience scientifique qui a mal tourné. En fait, au cours de cet évènement, il s'est transformé en géant vert indestructible...et surtout incontrôlable. Son labo en a fait les frais, et sa bien aimée a failli y passer. Depuis, dès qu'il est sous stress, son colocataire vert rapplique. Il a donc mis les voiles, mais est traqué par l'armée américaine, et plus particulièrement le Général Ross, le père de sa chère et tendre. Le but est de dupliquer le sang de Banner pour créer une armée de soldats invincibles. Bien entendu, il ne l'a pas entendu de cette oreille. Nous le retrouvons donc, passé le générique (qui résume la situation présentée avant), cherchant une solution pour ce problème, alors que l'armée retrouve sa trace. Voilà pour l'intrigue. Du "sans surprise" me direz vous? Dans ce cas, la suite ne vous rassurera pas, car franchement, l'histoire n'a pas été bien fouillée. On dirait un banal film d'action. Là où l'opus d'Ang Lee offrait une histoire profonde aux sous textes nombreux, celui-ci offre du direct. C'est à dire l'action, l'action, l'action. Voilà, voilà. Comme de juste, les assauts de la bête sont plus impressionnants ici que par le passé. Sur ce point, la "nouvelle version" dépasse l' "ancienne"...enfin, jusqu'à l'affrontement final, qui vire au jeu vidéo. Cette affrontement oppose Hulk à l'Abomination, a.k.a Blomkvist, soldat foutraque qui lui aussi se transforme en monstre à la force comparable au colosse verdâtre. Si l'issue du combat est sans surprises dans le film, la réalité est tout autre: Tim Roth (Blomkvist) s'impose, à la tête d'un casting inégal. Si William Hurt est aussi parfait en général Ross, Edward Norton (nouvelle incarnation de Banner) se débat comme il peut avec un rôle sous-développé. Quant à Liv Tyler, elle livre une prestation digne de figurer dans la catégorie potiche puissante 10. Sur ce point aussi, le premier Hulk à l'avantage. Enfonçons le clou: la réalisation de Leterrier est efficace, mais celle d'Ang Lee était bien plus inspirée. Et c'est là que réside la différence la plus parlante: Leterrier est un faiseur , Lee un auteur. Voilà donc le bilan: on a changé une équipe qui a fait un film différent, peut être difficile, par une qui a juste fait un film banal de poursuite. On a perdu au passage un vrai scénario et de vrais personnages. On a juste gagné de meilleurs effets visuels. Bilan implacable.