Etrange film que ce The Spirit. En fait ça ressemble au film le plus improbable qui soit : un Sin City qui aurait été réalisé par les ZAZ ! Le résultat est hautement détonnant certes, mais laisse très dubitatif.
La pléiade d’acteurs est tout de même assez impressionnante. Elle témoigne surement de la réputation de Miller. Ils semblent tous bien s’amuser avec leurs personnages hautement burlesques, mais l’impression est mitigée. D’un côté on a les sobres, comme Gabriel Macht le héros ou Sarah Paulson. Ils restent assez sérieux pour ne pas faire tomber le film dans la gaudriole. Ils ne sont pas sévère, mais disons qu’ils ne sont pas potaches, ni excessif dans leur prestation. A leurs côtés il y a ceux qui y vont à fond dans la caricature, jouant jusqu’au bout des ongles leurs personnages jusqu’à faire rire. Eva Mendes est de ceux-là, s’amusant avec son rôle comme une folle. Elle prend le film comme une comédie clairement, et sa prestation est très plaisante. Enfin il y a ceux qui sont en total roue libre. Le duo Jackson-Johansson en est le principal représentant, avec Lombardi en embuscade. Tous les trois sont des méchants totalement livrés à eux-mêmes, et ils font n’importe quoi ! Ils se déguisent tout le temps (leur duo en nazis est d’un ridicule achevé) ils surjouent les attitudes de manière clownesque, et c’est d’autant plus drôle qu’entre la virilité de Jackson et la féminité de Johansson, on est loin du duo comique du siècle ! Mais bon, ils ont visiblement bien rigolé, et c’est toujours sympa de les voir.
Le scénario est peu digeste. Les personnages sont mal exploités, l’histoire ne ressemble à rien. En fait on la prend en cours de route, alors forcément il y a pas mal d’ellipses. Il y a de sous-intrigues qui sème assez vite le bazar dans un métrage déjà peu fluide et à la narration chaotique. Par ailleurs les dialogues sont affligeants (attention, lorsque le méchant dit une méchanceté au héros ce dernier répond : « c’est celui qui dit qui est »). The Spirit rate totalement le coche humoristique. En fait il est terriblement drôle, mais jamais pour le gag ou la bonne réplique, il est drôle tellement son humour tombe à plat. On est à la limite de l’exploit, du niveau d’Inspecteur Gadget avec Broderick !
Visuellement Miller rattrape un peu le coup. Sa mise en scène n’est clairement pas du niveau de celle de Rodriguez sur Sin City ou de Snyders sur 300, mais elle n’est pas infecte, reprenant plus ou moins adroitement les codes des films sus-nommés. Le final est tout de même très moyen, avec un gros déballage d’action mal maitrisée. La photographie est travaillée, originale, avec des audaces visuelles absentes dans Sin City qui plairont aux amateurs. J’ai trouvé que c’était tout à fait à la hauteur de ce coté-là. Sinon, les décors ne manquent pas de qualité, avec une ville clairement plus en retrait que dans Sin City, mais qui, doté d’un univers similaire, rend bien à l’écran. Les effets spéciaux sont d’ailleurs au niveau, rien à dire. La musique est assez peu exploitée, ce qui est relativement dommageable, mais je n’ai pas été réellement gêné.
En fait The Spirit c’est un film totalement improbable, dont je conseille le visionnage moins aux amateurs de Sin City qu’à ceux des ZAZ, car ce métrage est réellement fendard. En plus on a un étalage de très jolies filles qui sont toujours montrées avec beaucoup de charme et d’élégance, le rythme est efficace, et en clair il est difficile de s’ennuyer. C’est ridicule, les bouffonneries s’accumulent, mais The Spirit dégage un indéniable sentiment de sympathie, de générosité, comme un vrai bon nanar. Débile, mais très fun, et techniquement abouti, cela me pousse à lui donner 3, et je me surprends vraiment, car le début me laissait pantois.