Si Christopher Nolan peut se targuer d'être une figure prépondérante du paysage cinématographique actuel, certains aiment à le qualifier de réalisateur surestimé, à raison peut-être, personne ne fait l'unanimité ; pour ma part il n'y a pas photo le concernant, fort d'une filmographie irréprochable truffée de chefs d'œuvre ni plus ni moins grisants. Il va donc sans dire que la reprise d'un projet d'abord attaché à Spielberg donnait l'eau à la bouche, Interstellar promettant une odyssée spatiale lorgnant du côté de références du genre (2001 à en croire beaucoup, et Nolan lui-même), mais l'attente en valait-elle la peine ? Oui, oui et mille fois oui ! Il n'y a pas à tortiller du cul pour chier droit, voici le film de l'année (devant The Raid 2: Berandal et Gone Girl), tant ce spectacle ahurissant vous retourne d'un bout à l'autre tout en vous secouant émotionnellement, au point d'en redemander après coup (j'y suis retourné incessamment sous peu) ! En prenant un peu de recul par la suite, il est indéniable que le long-métrage ne pourra pas plaire à tous, pour ma part j'en aurai eu pour mon argent, que j'aborde le fond comme la forme : Interstellar est une démonstration technique rappelant Gravity (dans une certaine mesure, tandis que l'absence de 3D est un réel bonheur), mais aussi une histoire bouleversante à souhait, bref du grand cinéma. Le film nous conte donc le périple d'un groupe d'explorateurs en quête d'une planète d'accueil dans une galaxie lointaine, la Terre étant à bout du souffle (dans un avenir proche) ; ce qui dénote avec Interstellar, c'est bien qu'étant une véritable claque visuelle, celui-ci n'en fait jamais trop : par exemple, la fin de la vie sur Terre s'opère de façon lente, fort d'un fléau pernicieux pas spectaculaire pour un sous, mais véritablement oppressant. La narration est toutefois assez avare en éclaircissement sur ce point, et non sans raison : la place des protagonistes au sein du récit se veut incontournable, et nous tient en haleine sans discontinuer, aussi bien que Interstellar soit graphiquement somptueux, il s'agit avant tout d'une odyssée humaine, pétrie de réflexions autour de l'amour, la famille etc. Aussi, porté par un casting ni plus ni moins génial, Interstellar nous colle la larme à l'oeil à bien des reprises, d'autant que l'on s'attache grandement au duo Cooper (McConaughey est décidément incroyable) / Murphy (Mackenzie Foy est une révélation, Jessica Chastain assure) ainsi qu'a Brand (Anne Hathaway est superbement juste) ; le seul point d'ombre au tableau serait cependant Casey Affleck, plutôt transparent tant son personnage est peu approfondi, mais le film nous réserve bien des surprises, à l'image d'un Matt Damon ingrat (vous-savez-qui) mais diablement efficace (ou encore de façon moindre Michael Caine). Les protagonistes ont donc beau être plutôt basiques, le résultat est là, nous intégrons leurs craintes et espérances, et vivons cette odyssée comme si nous y étions... c'est ni plus ni moins chamboulant ! A côté de cela, l'intrigue s'avère palpitante à souhait, et adopte davantage les traits d'un récit d'anticipation que de science-fiction, et bien que les définitions et procédés hautement techniques se succèdent sans discontinuer, rien de rédhibitoire au bout du compte ; il est d'ailleurs à noter que le film s'autorise une certaine liberté visuelle, le trou de vers et consorts permettant de laisser libre cours à une imagination débordante en la matière, nous offrant dès lors des séquences graphiques dantesques (la traversée de ce dernier est particulièrement sublime, sans oublier le passage vertigineux de la planète Miller). Ceci, couplé à la mise en scène parfaite de A à Z de Nolan, confère donc au long-métrage une empreinte graphique inoubliable, et ce n'est pas la photographie magnifique à souhait qui nous fera dire le contraire... puis vient le point musicale. Et là, que dire si ce n'est que la claque monumentale qu'est Interstellar résulte en grande partie de la BO signée Hans Zimmer ? Celle-ci est majestueuse, phénoménale même, elle concourt à la mise en place d'une ambiance nous faisant passer par tous les états, émotion, epicness, tension palpitante, tout y passe, absolument tout, immersion garantie. Un grand coup de cœur en somme, à l'image du film dans son ensemble en fait, qui bien que scientifiquement sujet à débat nous captive d'un seul tenant, au point de ne pas voir les trois heures passer (ce qui est franchement très fort) ; à ce propos (réalisme et autre point de cohérence), impossible de ne pas aborder la dernière partie de Interstellar, composée en premier lieu d'un rebondissement pour le moins conséquent. Comme bien souvent d'ailleurs avec Nolan, rien n'a été laissé au hasard, tant le tout s'imbrique avec limpidité tandis que la science-fiction prend ses quartiers : la vraisemblance de ce point peut laisser dubitatif, mais il s'opère une alchimie tant percutante (l'amour à travers les années-lumière) que l'on accepte cet état de fait presque grandiloquent, dont l'efficience s'avère alors sans pareille. En second lieu vient le dénouement, un happy-end en l'occurrence, et qui nous laisse littéralement jubiler sur place tant il conclu à merveille Interstellar... mais est-ce aussi simple ? Tout parait presque trop beau, vous en conviendrez, et il n'est pas étonnant d'y voir une fin ouverte propre à nous triturer les méninges quant aux apparences drapant probablement la vérité (ce qui rappelle Inception)... qu'importe, si ce n'est un nouveau tour de force de Christopher Nolan, car que l'on se laisse aller à la facilité du happy-end ou à un tas de spéculations plus pessimistes, le résultat est le même : claque dans le museau. Bref, sans oublier de citer des robots particulièrement savoureux (un zeste d'humour, de l'attachement et un design original), il est tant de clôturer cette critique (j'en conviens) dithyrambique, Interstellar étant une pépite cinématographique tenant du chef d'œuvre : scénario d'anticipation prenant et profondément humain, casting et personnages tous excellents, effets visuels ahurissants, BO inoubliable, dénouement jouissif... tout y est parfait. Je ne peux que remercier la fratrie Nolan, tant Interstellar ma rappelle combien j'aime le cinéma. Sensationnel !